Mathilde RONZE

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Les ressources crées par Mathilde RONZE

L'industrie du textile produit 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année. C'est l'équivalent d'environ 4 milliards de tonnes équivalent CO2. Heureusement, des leviers d’actions sont possibles !


Aujourd’hui, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. La production de vêtements a doublé entre 2000 et 2014 (1). Dans la même période, les Européens ont augmenté leurs achats de vêtements de 40%, mais la durée de vie de ces habits est moitié plus courte qu’avant. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur textile pourraient constituer 26% du total mondial si la tendance persiste.

L’industrie textile est un secteur-clé dans la réduction des émissions de carbone mondiales. Quel est l’impact carbone du secteur textile en France ? Quels sont les principaux postes d’émissions ? Quels défis pour le secteur face au changement climatique ? Tour d’horizon de l’empreinte carbone de l’industrie du Textile et de l’Habillement ! Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.

L’industrie du textile, qu’est-ce que c’est ?

Le secteur textile en bref

L'industrie textile désigne l'ensemble des activités de production et de transformation de fibres en étoffes, feutres, non-tissés et autres matériaux textiles utilisés dans divers produits finis.

Cela englobe entre autres :

  • La production des matières premières textiles ;
  • La transformation des fibres ;
  • La filature ;
  • Les procédés de fabrication (tissage, tricotage, non-tissé, tressage, etc.) ;
  • L'ennoblissement (teinture) ;
  • La confection ;
  • etc.

Le textile ne concerne pas seulement l'habillement et l'ameublement. Son usage s'étend aux applications industrielles, médicales, de protection individuelle, et même dans les domaines de l'agriculture, du transport et du bâtiment. Ainsi, c’est une industrie importante pour la société.

La filière textile européenne

En Europe, selon Euratex la filière textile est répartie ainsi :

  • Mode et habillement 42 % (exemple : vêtements)
  • Ameublement et maison 14 % (exemple : rideaux, nappes)
  • Industriel et technique (19 %) (exemple : textile médicaux, parachutes

On dénombre 197 000 entreprises européennes pour 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires (8). La France représente à elle seule presque 20% du total !

Et en France ?

On compte 2150 entreprises françaises (63% de PME) pour 62 500 salariés. En 2022, l’industrie textile a généré 15,5 milliards de chiffres d'affaires, dont 12,9 milliards à l’exportation (2).

Le secteur du textile français est réputé hors frontières pour sa qualité et son innovation. En 2022, la France a exporté près de 13 milliards d’euros de produits textiles, notamment des vêtements maille, lingerie et textiles techniques.

Cependant, la France a également importé environ 25 milliards d’euros de produits textiles, majoritairement en provenance de la Chine et du Bangladesh.

Source : Guide de Décarbonation du textile WeCount

Enfin, les conséquences de l’industrie textile sur l’environnement et la société sont nombreuses : pollution de l’eau par microplastique et substances toxiques ou atteinte à la biodiversité, pour n'en citer que quelques-unes.


Dans cet article, nous nous concentrons uniquement sur l’impact carbone de la filière, notre cœur d’expertise.


Quelle est l'empreinte carbone de l'industrie du textile ?

Le secteur du textile est responsable de 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, etc.) selon l'Ademe.

Pourquoi un tel écart ? Les méthodologies utilisées et les informations d’une base de facteurs d’émission textile à l’autre peuvent varier d'où l'écart !


L’ADEME estime aussi que l’empreinte carbone textile d’une personne française est 442 kg de Co2e par an, soit l’équivalent des émissions de 68 t-shirts en coton ou 17 jeans !

Cela est dû aux matières premières utilisées et aux procédés industriels qui émettent de grandes quantités de CO2.


Mais l’importation joue aussi un rôle car un kilogramme de textile importé génère plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'un kilogramme de textile produit en France :

Source : Union des Industries Textile (UIT)
💡 Bon à savoir : Sans intervention, les émissions de GES du secteur pourraient atteindre 2,7 milliards de tonnes par an d'ici à 2030, représentant une croissance annuelle de 2,7% !

Quel est l’impact d’un produit textile ?

Pour comprendre l’empreinte carbone de la filière, il faut se pencher sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Quels sont les impacts à chaque étape de production ? Quelles émissions de GES sont émises par la production ?

L’intérêt d’une analyse carbone par produit est l’obtention d’un bilan carbone beaucoup plus précis et plus fiable.

Le cycle de vie du produit textile comporte 7 étapes :


Source : WeCount

Chaque étape contribue, à son échelle, à l’empreinte carbone du secteur.


La production des matières premières


Les matières premières représentent 20 à 30% des émissions de gaz à effet de serre du secteur.


Il existe trois types de matières premières : les matières naturelles (animales et végétales), les matières artificielles et les matières synthétiques.


Les matières végétales et animales utilisent une grande quantité d’eau, de surface agricole et de pesticides.

La production émet des gaz à effet de serre à plusieurs étapes :

  • Agriculture (élevage, culture, etc.) ;
  • Usage des produits chimiques ;
  • Déchets ;
  • Etc.

Par exemple, un t-shirt en coton consomme 2 700 litres d’eau, soit la quantité d’eau que devrait boire un individu en deux ans et demi ! Outre l’impact carbone, la surproduction interroge lorsqu’on sait qu’11% des Européens et 25% de la population mondiale souffre de pénurie d’eau.


Mais ce n’est pas tout !


La majeure partie des produits textiles vendus aujourd’hui sont issus des matières synthétiques. Environ 70% des fibres synthétiques sont issues du pétrole (2).


Or, les matières synthétiques relarguent des microplastiques dans les cours d’eau et les océans lors de leur production, mais aussi à chaque lavage. Les conséquences sont nombreuses comme la pollution des eaux marines ou l’atteinte à la biodiversité.


Enfin, les matières premières artificielles utilisent des intrants naturels, comme la pulpe de bois, et sont transformées avec des solvants pouvant être toxiques. Leur impact provient principalement de l’utilisation de produits chimiques ainsi que des procédés énergivores nécessaires à leur fabrication.


Une fois la fibre produite, elle est transformée en tissu par des procédés industriels plus ou moins énergivores.


Les procédés de transformation et de fabrication


Les procédés de transformation et de fabrication du textile englobent toutes les étapes permettant de convertir les matières premières en tissus puis en produits finis, à savoir :

  • La filature ;
  • Le tissage et tricotage ;
  • L’ennoblissement (la phase ayant l’impact carbone le plus élevé) ;
  • La confection ;

La phase de transformation des fibres et tissus représente près de 50 à 80% de l’empreinte carbone de l’industrie textile selon les études. (3)


💡 Bon à savoir : Par transformation des fibres et tissus, on entend la filature, le tissage et le tricotage ainsi que d’autres traitements tels que l'ennoblissement et la confection.

Certains traitements sont particulièrement toxiques pour l’environnement. C’est par exemple le cas du tannage du cuir dont les substances toxiques comme le chrome sont rejetées directement dans la rivière. C’est le cas de la rivière du Buriganda au Bangladesh qui est devenue l’une des plus toxiques au monde.


C’est aussi le cas de certaines teintures de jean fabriquées à base de plomb et de mercure dont les particules sont rejetées dans l’eau au lavage. En Chine, la rivière Li est devenue tellement toxique qu’il est interdit de boire l’eau ou de pêcher.


Le transport


La chaîne de valeur du textile est éclatée mondialement. Cette spécificité implique beaucoup d'étapes de transport. Par exemple, la confection est souvent délocalisée en Asie ou au Proche-Orient car son coût est très élevé. Aujourd’hui, la majorité des produits textiles sont fabriqués dans des pays comme la Chine, le Bangladesh, le Maroc ou l’Inde.


De plus, le commerce en ligne peut accroître poste d’émission du transport. On estime qu’environ un vêtement sur cinq acheté en ligne est renvoyé au siège de l’entreprise, ce qui participe à la consommation de masse. Le e-commerce augmente les livraisons multiples et donc les émissions de GES liées au transport, notamment celles du dernier km.

💡 Bon à savoir : Le dernier km désigne la dernière étape de la chaîne de distribution. En général, la fin de la livraison est l’étape la plus impactante du transport, car c’est l’étape la moins optimisée de la chaîne.

L'usage et fin de vie


80% des vêtements finissent enfouis ou incinérés (1). Au niveau mondial, seulement 1% des vêtements usagés sont recyclés en vêtements neufs. Une majeure partie des vêtements finissent dans des décharges à ciel ouvert.

C’est le cas du Ghana qui reçoit des vêtements usés en masse (214 millions de dollars USD de textile chaque mois) sans pouvoir les traiter, faute de moyens. Heureusement, la réglementation en matière de déchets textile évolue en Europe.


Selon l’EEA (Agence Européenne pour l’Environnement), en Europe 4 à 9% des produits textiles sont détruits sans avoir été usagés, cela représente entre 264 000 et 594 000 tonnes de textile détruites chaque année !


Dans le cadre de notre partenariat avec l’UIT, nous avons calculé le bilan carbone type pour une entreprise textile en France (obtenu par pondération des émissions de gaz à effet de serre des entreprises participantes). L’usage et la fin de vie des produits pèsent pour 10% du bilan carbone (3).


Dans un contexte de surproduction et de consommation croissante, la gestion des déchets et de la fin de vie des produits est un pilier de la décarbonation du secteur.

💡 Bon à savoir : La loi AGEC du 10 février 2020 interdit la destruction des invendus tandis que la stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires prévoit une interdiction d’exporter ses déchets hors de l’OCDE sous certaines conditions.

Et concrètement, quel impact sur les émissions de gaz à effet de serre ?


Comparons l’impact carbone de trois pulls en laine, coton recycle et acrylique (matière synthétique) :

Pull en lainePull en coton recycléPull en acrylique
Fabrication52.90 kg CO2e8.10 kg CO2e25.50 kg CO2e
Matières premières39.30 kg CO2e0.90 kg CO2e13.90 kg CO2e
Approvisionnement0.90 kg CO2e0.50 kg CO2e0.70 kg CO2e
Mise en forme8.60 kg CO2e5.50 kg CO2e7.30 kg CO2e
Assemblage et distribution4.10 kg CO2e1.20 kg CO2e3.60 kg CO2e
Usage2.52 kg CO2e3.58 kg CO2e2.46 kg CO2e
Fin de vie1.28 kg CO2e1.52 kg CO2e1.01 kg CO2e
Total56.70 kg CO2e13.19 kg CO2e28.97 kg CO2e

Source : Impact C02

L’impact d’un pull en laine, c’est l’équivalent de deux enceintes connectées, 145 repas végétariens et quatre pulls en coton !


Le pull en acrylique quant à lui, correspond à plus de deux pulls en coton recyclé, 75 repas végétariens, et une enceinte connectée.


Dans tous les trois cas de figure, la fabrication du produit génère la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Le choix des matières premières et des procédés industriels est un levier de décarbonation primordial.


Zoom sur les principaux postes d’émissions

La majorité des gaz à effet de serre de l’industrie textile proviennent de la production de la fibre textile et de sa transformation en produit. Mais les émissions de CO2 équivalent ne sont pas le seul impact environnemental.


Les matières premières, première étape de la chaîne de valeur


Selon une étude Quantis (5), 15% de l’empreinte carbone de l’industrie textile provient de l’extraction et de la transformation des matières premières en fibre.


Ces chiffres varient d’une étude à l’autre selon l’échantillonnage et les critères pris en compte, par exemple l’utilisation du produit. Ainsi, les matières premières et leur transformation représentent 38% des émissions GES selon l’étude McKinsey (6) et 44% selon notre étude (3).


On retrouve des matières principales dans la plupart de nos vêtements : le polyester, le nylon, le coton, la viscose et le lyocell.


Le polyester

Le polyester est la matière première la plus utilisée dans la fabrication des vêtements (1). Sa fabrication implique l’extraction du pétrole et des procédés de transformation chimique lourds (appelé polymérisation). De plus, il est souvent produit en Chine, à Taïwan ou aux Etats-Unis.


Selon la base de données Ecoinvent, la production d’1 kg de polyester rejette 3.96 kg d’émissions de CO2 équivalent, soit 405 km en RER ou presque un aller-retour Paris-Marseille en TGV !


💡 Bon à savoir : Au-delà de l’impact carbone, ce sont 240 000 tonnes de microparticules de plastique qui sont relâchées chaque année dans les océans par le lavage des vêtements en fibre synthétique, soit l’équivalent de plus de 24 milliards de bouteilles plastiques !

Le nylon

La polyamide (ou nylon) est une matière première issue, elle aussi, du pétrole. Sa transformation nécessite beaucoup d'énergie et d'eau pour son refroidissement.


Tout comme le polyester, elle est responsable de pollution microplastique.

Le coton

Le coton représente un quart de la production mondiale. Pour sa production, non seulement des ressources en eau sont nécessaires, mais surtout l’industrie textile utilise une grande quantité de pesticides et d'insecticides.

Quel rapport avec le bilan carbone ? La culture du coton nécessite machines agricoles, utilisation de produits phytosanitaires et chimiques, processus de transformation du coton qui alourdissent le bilan carbone du secteur et des entreprises.

Le coton conventionnel est produit majoritairement en Chine, en Inde, au Pakistan, au Brésil et aux Etats-Unis.

1 kg de coton émet environ 2.17 kg de CO2 équivalent, soit presque deux fois moins que le polyester !

💡 Bon à savoir : Un t-shirt en coton, c’est aussi l’équivalent de 70 douches, d’où la nécessité de repenser notre consommation de vêtements !

La viscose et le lyocell

La viscose et le lyocell sont des matières artificielles fabriquées à partir de cellulose (bambou, maïs, eucalyptus, hêtre ou soja) et sont biodégradables. Bien qu’elles ne soient pas issues du pétrole, le procédé de transformation de cellulose est lourd. Il nécessite l’utilisation de produits chimiques hautement toxiques qui sont relâchés dans l’atmosphère.

💡 Bon à savoir : En plus du faible impact carbone, le lyocell est à privilégier car les solvants associés sont moins toxiques et peuvent être réutilisés.

1 kg de viscose émet 3.35 kg de CO2 équivalent. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'impact carbone du viscose est presque identique à celui du polyester !  Mais la matière la moins carbonée est le lyocell car 1 kg de lyocell génère 0.05 kg de CO2 équivalent (selon les bases de données). Ses émissions sont largement inférieure à toutes les autres matières premières ! Malgré des risques de déforestation d'eucalyptus, elle est considéré comme fibre écologique à produire.

L'alternative écologique : le lin

Le lin est considérée comme l'une des fibres les plus écologiques à produire. Elle ne nécessite que peu d'irrigation et peu de pesticides.

C'est aussi une matière relativement local car 80 à 85% de la production vient de France, de Belgique ou des Pays-Bas. Pourtant elle ne représente aujourd'hui qu'1% des produits textiles.

La phase de transformation : des procédés industriels lourds

La phase de transformation consiste à transformer la fibre en fil puis en tissu. Dans cette phase, on inclut :

  • La filature ;
  • Le tissage et le tressage ;
  • L’ennoblissement ;
  • La confection.

Ce sont des processus avec une consommation d’énergie excessive car ils ont souvent lieu dans des pays au mix électrique carboné.


Une étude menée par Cycleco démontre que cet impact varie selon le pays :

  • France : 10.63 kgCO2eq / kg de textile
  • Euromed : 24.96 kgCO2eq / kg de textile
  • Turquie : 25.14 kgCO2eq / kg de textile
  • Chine : 32.08 kgCO2eq / kg de textile
  • Reste du monde : 25.14 kgCO2eq / kg de textile

Plus le mix énergétique est faible, plus le rejet d’émissions de GES est élevé. Mais la transformation des fibres en tissu est un procédé très énergivore quel que soit le pays.


Selon Quantis, la transformation des fibres génère 76% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie textile, dont 36% rien que pour l’ennoblissement !


L’ennoblissement (teintures, impressions, blanchiment, etc.) est une des phases de transformation du textile la plus émettrice de la filière. Ennoblir les tissus requiert une très grande quantité de vapeur d’eau, obtenue à partir de gaz.

💡 Bon à savoir : Lors de l'ennoblissement, pour obtenir de la vapeur d’eau, l’eau est chauffée à plus de 130° avec du gaz. Or, le gaz est une énergie très carbonée, ces procédés sont donc très impactant en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

Pendant la phase d’ennoblissement, la teinture et le séchage ont aussi un impact significatif sur le bilan carbone du produit textile.

La raison : une consommation d’énergie excessive et des résidus de produits chimiques qui nécessite des traitements énergivores en gaz.


Comment diminuer l’empreinte carbone de l’industrie textile ?

Mettre en place des actions au niveau de la filière

Maintenant que nous avons fait ensemble un état des lieux, comment réduire l’empreinte carbone à l'échelle du secteur ? Quels leviers peut-on actionner ?


Pour décarboner la filière du textile et de l’habillement, plusieurs pistes s’offrent à vous. En voici quelques-unes.

Soutenir la R&D

L’innovation peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur, notamment par :

  • Le développement de nouvelles matières premières écologiques telles que les fibres artificielles issues de sources biosourcées comme la banane ou le bambou ;
  • L'utilisation de fibres naturelles recyclées et l’extension de la filière de recyclage des fibres avec des exigences environnementales et de qualité ;
  • L'amélioration de l’impact environnemental des matières premières existantes, par exemple les conditions de culture et les pratiques agricoles ;
  • La conception et l’industrialisation de procédés de ruptures, autrement dit de technologies de production moins énergivores et plus respectueuses de l'environnement, pour l’ennoblissement par exemple.

Étendre la filière du recyclage des produits textile

En améliorant les possibilités de recyclage, on améliore le taux de réemploi et la réparabilité des produits ce qui diminue l’impact environnemental. Plusieurs leviers d’actions sont possibles :

  • Améliorer les systèmes de collecte ;
  • Financer et développer des projets de R&D sur le recyclage ;
  • Développer une filière de recyclage industrialisée à grande échelle.

Former les professionnels du textile à la transition bas-carbone

Chez WeCount, nous sommes convaincus que la formation est un des moyens les plus efficaces pour gagner en connaissances et en compétences.  

  • Intégrer les enjeux climat et éco-conception au cœur des formations initiales textiles ;
  • Sensibiliser et former les professionnels en entreprise aux enjeux, mais aussi aux leviers de décarbonation qu’ils peuvent mettre en place.

Sensibiliser les consommateurs

En tant qu’entreprise ou pouvoir public, on peut avertir sur les enjeux des modes de consommation de plusieurs manières :

  • Accélérer le développement de l’affichage environnemental et présenter un score carbone pour permettre au client de faire un choix éclairé ;
  • Communiquer et sensibiliser à l’impact des matières premières, par exemple en expliquant les différences d’impacts entre matières naturelles, artificielles, synthétiques et recyclées ;
  • Communiquer et sensibiliser à l’impact de l’utilisation des produits textiles.

Enfin, on peut aussi améliorer la fiabilité des facteurs d’émission en réalisant collectivement des analyses de cycle de vie (ACV) ou en travaillant sur des bases de données communes de facteurs d’émission.

En agissant collectivement on peut créer un effet de levier et diminuer durablement les émissions de GES du secteur !

Vous êtes un acteur de la filière ? Pour découvrir comment réduire vos émissions de CO2e, consultez notre Guide de décarbonation de l'industrie textile. Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.


De quoi vous inspirer dans la construction de votre plan d'action !


Réinventer les modes de consommation


Nos modes de production et de consommation font partie des enjeux décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile. Les entreprises peuvent créer ou renforcer la valorisation de pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients.


Depuis quelques années, de nouveaux modes de consommation plus respectueux de l’environnement émergent :

  • La location de produits textile ;
  • La réparation (soutenue par des lois ou des aides de l’État)
  • La seconde main ;
  • Etc.

Adopter ces nouveaux modèles de production et de consommation, c’est faire de votre entreprise un moteur et un leader de la décarbonation au niveau de la filière textile, et plus largement au niveau de la société.


C’est le cas de Décathlon qui s’est donné pour objectif de réduire de 20% ses émissions de CO2 équivalent d'ici à 2026 (par rapport à 2021). (11)


Pour atteindre son objectif, Décathlon fait de l’économie circulaire un pilier de son plan de transition. L’équipementier développe un nouveau modèle économique qui mise sur l’éco-conception, le recyclage, l’allongement de la durée d’usage de ses produits et sur des nouveaux services de réparation, d’occasion et de location. (12)


C’est aussi le cas de la marque 1083. L’entreprise a lancé son modèle économique sur une conviction simple : ses jeans ne doivent pas voyager plus de 1083 km (contre 65 000 km pour la fast-fashion). Un défi réussi puisque l'entreprise a aujourd’hui 100 revendeurs et a été lauréate du plan de relance 2021 pour la création d'un nouvel atelier de confection dans les Vosges. (13)


En réfléchissant dès maintenant à de nouvelles manières de produire, consommer et commercer, vous évoluez en même temps que la réglementation. Et c’est un atout pour votre entreprise car la législation tend de plus en plus vers la durabilité.


Qu’en est-il de la réglementation ?

Depuis quelques années, les pouvoirs publiques visent un objectif global de réduction de l'empreinte carbone du produit textile, depuis la production des fibres jusqu'au mode de consommation.


Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC)

Loi AGEC et industrie textile

La loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire du 10 février 2020 vise à rendre nos modes de consommation plus durables. Elles touchent l’industrie textile de plusieurs manières, notamment par :

  • La fin du plastique à usage unique d'ici à 2040 (exemple : emballage e-commerce) ;
  • La transparence sur les impacts environnementaux des produits ;
  • L'interdiction de détruire les invendus ;
  • La création de filières pollueur-payeur (8)


Affichage environnemental des produits textiles

Le but est d’améliorer l'information fournie aux consommateurs concernant les impacts environnementaux des produits pour :

  • Permettre au consommateur d'identifier rapidement les produits les plus écoresponsables ;​​
  • Encourager les entreprises à se tourner vers l’écoconception et une production responsable ;

Le décret n° 2022-748 du 29 avril 2022

Publié en application de l'article 13 I de la loi AGEC, ce décret encadre les informations environnementales fournies aux consommateurs pour les produits susceptibles de générer des déchets (4).


Pour les produits textiles, les entreprises doivent désormais fournir une fiche-produit dématérialisée détaillant les caractéristiques environnementales, notamment :

  • L’incorporation de matière recyclée ;
  • La présence de fibre microplastiques ;
  • La recyclabilité (sauf pour le cuir) ;
  • La traçabilité géographique. (9)


Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD)


La directive CSRD renforce la réglementation en matière de reporting de durabilité. Toutes les grandes entreprises et les PMEs sont concernées dès 2025.


La CSRD impose notamment des obligations en termes de transparence et fiabilité de l’information durable, pour les consommateurs, mais surtout pour les investisseurs.


Ainsi, la législation tend de plus en plus vers une diminution de l’empreinte carbone du textile via des modes de production et de consommation raisonnés.

En synthèse

Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale.


Comment agir à l'échelle de l’entreprise ?


L'industrie dispose de six leviers d'actions principaux pour réduire l'empreinte carbone du secteur :

  • Agir sur les matières premières ;
  • Améliorer l'efficacité énergétique ;
  • Accroître la durabilité des produits pour réduire le volume de consommation ;
  • Encourager une consommation écoresponsable ;
  • Renforcer les régulations et les mesures incitatives par les autorités ;
  • Renforcer la collaboration sectorielle (référentiel commun, mutualisation des achats, R&D, etc.)

Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile & de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.

Vous préférez le format vidéo ? 

Regardez notre webinaire sur la décarbonation de l'industrie textile. Nous y avons réuni 6 experts et professionnels pour parler des leviers pour décarboner les entreprises du secteur. 


Article
Tout sur l'empreinte carbone de l'industrie textile

L'industrie du textile produit 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année.

Mathilde RONZE
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24/6/24

La filière textile a un rôle clé à jouer dans la décarbonation de l’industrie mondiale. En effet, le secteur émet 4 milliards de tonnes de CO2e chaque année, soit environ 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Mais les entreprises du secteur font face à un défi majeur puisque 90 % de leur bilan carbone provient des émissions indirectes, c’est-à-dire d’émissions qui ont lieu hors de leurs murs. Pour réduire vos émissions de GES, la première étape est de calculer votre bilan carbone afin de mettre en place par la suite une stratégie de décarbonation efficace.

Quelles caractéristiques prendre en compte pour réaliser votre bilan carbone ? Comment réduire vos émissions  de gaz à effet de serre ? Réponses dans cet article.

Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.

Les caractéristiques du bilan carbone pour l’industrie textile

La méthode de calcul du bilan carbone est commune à toutes les entreprises, mais il existe des spécificités selon les secteurs. En effet, la filière du textile et de l’habillement se caractérise par un grand volume de références produits. Les entreprises doivent ainsi analyser leur impact au niveau des produits qu’elles proposent, de manière détaillée.

Chaîne de production d'un produit textile
source : Guide du Textile et de l'Habillement - WeCount

De plus, la majorité des émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile sont indirectes. Cela signifie que l’entreprise génère des émissions en amont et en aval de sa chaîne de valeur : chez ses fournisseurs, ses prestataires ou ses clients.

Ainsi, puisque la plupart des émissions ont lieu en dehors de son entreprise, il est important de mesurer les émissions de gaz à effet de serre à chaque étape de fabrication du produit, de la fibre au produit fini.

C’est pourquoi on privilégie une approche produit. Décomposer les étapes de fabrication permet d’identifier précisément où ont lieu les différentes émissions le long de la chaîne de valeur. Vous pouvez ensuite mettre en œuvre un plan d’action efficace et pertinent.

Pour cela, la première chose à faire est de définir vos familles de produits ainsi que leur granularité.

Voulez-vous suivre vos émissions de GES par référence ou par grande catégorie de produits ? Si vous renouvelez fréquemment votre gamme, une analyse par famille de produit - par exemple, le jean - facilitera votre travail et permettra des comparaisons années après années. Si votre portefeuille est au contraire constitué de produits intemporels, travailler à l’échelle de la référence peut vous permettre une étude plus fine.

Ensuite, de quel niveau de détails avez-vous besoin ? Par exemple, si vous êtes concerné par la loi AGEC ou souhaitez anticiper l’affichage environnemental, alors il est préférable de mesurer vos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la référence produit.

💡 Le conseil WeCount : selon que vous choisissez une analyse par produit ou par famille, veillez à garder le même indicateur année après année pour évaluer votre performance en matière de décarbonation.

Il faut ensuite analyser la chaîne de valeur à l’échelle de votre référence ou de votre catégorie pour identifier les facteurs d’émission associés. Pour cela, appuyez-vous sur des bases de données propres à l’industrie du textile comme Ecoinvent ou Ecobalyse.

💡 Bon à savoir : les bases de données sont régulièrement mises à jour. Nous vous conseillons d’actualiser votre bilan carbone pour qu’il soit le plus précis possible.

Les études réalisées à l’échelle mondiale montrent que les émissions de gaz à effet de serre des entreprises textile se répartissent ainsi :

  • Matières première : 20 à 30 % ;
  • Processus de transformation et de fabrication : 50 à 80 % ;
  • Utilisation et fin de vie des produits textiles : 10 à 20 %

Ces pourcentages sont calculés au niveau mondial et macroscopique, mais des disparités peuvent émerger au sein des entreprises. Cela est principalement dû aux matières premières utilisées, aux localisations de production et à l’endroit où sont lavés les produits.

Par exemple, en France, l’utilisation a un impact carbone faible, car notre électricité est relativement décarbonée.

Pour mieux comprendre les émissions d’un produit textile, consultez notre article dédié à l’empreinte carbone du secteur textile.


Ces trois postes sont les enjeux de décarbonation prioritaires pour la majorité des entreprises de la filière, et voici comment vous pouvez agir.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile

Quel plan d’action mettre en place pour diminuer ses émissions de GES quand 90 % sont issues des fournisseurs, des partenaires ou des clients ? Selon qu’on soit une marque (donc un donneur d’ordre) ou un fabricant, les actions seront différentes mais complémentaires.

Si vous êtes une marque, alors vous êtes responsable des commandes que vous passez. Vous avez le pouvoir d’orienter vos choix vers des solutions à plus faible impact carbone et d’encourager une consommation responsable.

Si vous êtes un fournisseur, alors vous pouvez systématiquement proposer des alternatives éco-responsables à vos clients pour encourager des nouveaux modes de production.

Peu importe votre rôle, vous pouvez déjà diminuer vos émissions de GES grâce à quelques actions de réduction ciblées sur les matières premières, les procédés de fabrication et la fin de vie des produits textiles.

Réduire l’impact des matières premières

Commençons par la première étape, les matières premières. Pour diminuer votre impact carbone, deux leviers s’offrent à vous : le choix des matières premières et un approvisionnement éco-responsable.

Se tourner vers des matières plus écologiques et recycler

Bien choisir ses matières premières est capital pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.

Par exemple, 1 kilogramme de polyester rejette 3.96 kilogrammes de CO2 équivalent (CO2e) tandis qu’1 kilogramme de coton émet environ 2.17 kilogrammes CO2e, soit près de deux fois moins que le polyester (Ecoinvent).

Ainsi, le choix de la matière peut considérablement augmenter ou diminuer l’impact carbone de vos produits.

Pour un choix éclairé, il faut prendre en compte avant tout :

  1. Le besoin de performance du produit et donc le besoin technique attendu
  2. La notion de durabilité

Ensuite, vous pouvez ensuite choisir la meilleure des matières premières répondant à ces deux critères.

De manière générale, on cherche à limiter au maximum les matières premières synthétiques (issues de la pétrochimie et non renouvelables) au profit :

  • des matières naturelles à faible impact carbone comme le lin ou le coton issu de l’agriculture biologique,
  • des matières artificielles dites écologiques comme le lyocell,
  • des matières recyclées (si possible en boucle fermée).

Par exemple, l’entreprise Sofila développe une gamme de fils biosourcés pour s’affranchir de ressources pétrolières et non renouvelables. Ou encore Balas Textile a choisi de travailler avec des matières plus durables comme le lyocell.

Aujourd’hui, il existe des alternatives bas-carbone pour toutes les matières premières. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre impact environnemental, dimension économique et faisabilité technique.

Mettre en place une charte d’achats responsables

Dans la continuité du choix des matières premières, vous pouvez améliorer votre chaîne d’approvisionnement avec une charte d’achats responsables.

Elle repose sur trois piliers : sa démarche RSE, ses engagements et ses attentes envers ses fournisseurs et sous-traitants.

Pour mettre en place une charte d’achat responsable, vous pouvez :

  1. Communiquer avec vos fournisseurs sur vos engagements respectifs,
  2. Mesurer l’impact environnemental, social et sociétal de votre politique d’achat actuel pour chaque catégorie d’achat (fibre, fermoirs métalliques, emballage, etc.),
  3. Identifier ce qui peut être amélioré et définir des critères d’évaluation RSE (par exemple, une meilleure traçabilité des fournisseurs, etc.)  
  4. Formaliser vos nouveaux engagements (par exemple en établissant un code de conduite à l’intention de vos fournisseurs et sous-traitants)
  5. Communiquer cette charte auprès de vos parties prenantes

C’est le cas de Balas Textile qui développe une gamme de polyester et de polyamide recyclés. Ils sont également signataires de la charte RFAR (Relations Fournisseurs Achats Responsables).

Vous pouvez aussi ouvrir le dialogue avec vos fournisseurs et partenaires actuels pour définir une charte commune et vous engager ensemble dans la décarbonation de vos activités. Effet boule de neige assuré !

Diminuer les émissions GES de la fabrication

Les processus de transformation des fibres textiles en produit sont très énergivores. Nous vous proposons trois actions pour améliorer vos performances énergétiques.

Améliorer l’efficacité énergétique des procédés de fabrication

L'amélioration de l’efficacité énergétique passe par trois piliers :

  1. Consommer moins
  2. Travailler sur l'efficacité énergétique
  3. Utiliser des énergies renouvelables

Consommer moins passe par la sobriété, l’entretien des machines ou encore l’utilisation de machines moins énergivores. Vous pouvez moderniser vos équipements existants ou les remplacer par de nouveaux moins énergivores au fil des années.

Vous pouvez travailler votre efficacité énergétique en optimisant les phases de fonctionnement ou encore en récupérant la chaleur fatale par exemple.

Enfin, vous pouvez développer l’utilisation des énergies énergies renouvelables ou de réseau de chaleur et de froid pour sortir des énergies fossiles. Nous y reviendrons tout à l’heure.

Zoom sur l’ennoblissement

L’ennoblissement est un des procédés les plus énergivores de la chaîne de valeur du textile. Pourtant, les ennoblisseurs peuvent réduire une partie de leurs émissions grâce à ces trois piliers.

C’est le cas de l’entreprise TAT (Teintures et Apprêts de La Trambouze). L’ennoblisseur utilise un compteur portatif pour mesurer la consommation énergétique de l’ensemble de leurs machines. Cela permet à l’entreprise de connaître puis de réduire la part de consommation de chaque équipement.

Vous pouvez aussi adopter des procédés à faibles émissions. Par exemple, une baisse de température de 20° lors de la teinture a déjà un impact visible sur le bilan carbone d’un ennoblisseur. Ou encore, certaines teintures naturelles ou issues de la chimie verte ont un impact moins élevé que les teintures traditionnelles.

Enfin, vous pouvez également explorer des nouvelles techniques émergentes pour réduire voire éliminer la consommation d’énergie carbonée. Par exemple, l’impression numérique pigmentaire permettrait de gagner 30 à 60 % d’énergie.


Sortir du gaz en développant l’utilisation d’énergie décarbonée

L’utilisation du gaz est largement répandue par les fabricants. Or, il est responsable d’une grande partie des émissions de GES lors de la fabrication.

Pour éviter le gaz, plusieurs actions sont possibles :

  • Électrifier vos procédés ou passer à de l’hybride ;
  • Vous brancher à un réseau de chaleur/froid
  • Utiliser des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.).

Vous pouvez sortir de la dépendance aux énergies carbonées en déployant un parc d’énergies renouvelables sur vos sites de production, par exemple des panneaux solaires sur le toit des usines. Ainsi, vous consommez une énergie produite sur place à très faible coût carbone.

Relocaliser la production dans un pays à l’énergie décarboné

L'impact des processus de fabrication varie selon le pays car ce sont des processus énergivores. Aujourd’hui, une grande partie de la fabrication a lieu dans des pays au mix énergétique carboné. Or, plus le mix énergétique est carboné, plus le rejet d’émissions de GES est élevé.

D’ailleurs, une étude menée par Cycleco démontre qu’un kilogramme de textile émet (2) :

  • 10.63 kg de CO2 équivalent (CO2e) s’il est produit en France ;
  • 25.14 kg de CO2e s’il est produit en Turquie ;
  • Et 32.08 s’il est produit en Chine.

Avec une relocalisation partielle ou totale de la production en France (ou dans des pays à l’énergie décarbonée), les marques peuvent diminuer drastiquement l’impact carbone de leurs produits.

Améliorer la gestion de fin de vie des produits

La fin de vie des produits textiles pose des enjeux de gestion des déchets et de consommation. Trois leviers de réduction sont à votre disposition : la sensibilisation, l’éco-conception et le recyclage.

Sensibiliser le consommateur à un usage responsable

En tant qu’entreprise, vous avez le pouvoir de sensibiliser les consommateurs à des pratiques d’utilisations responsables.

Si vous êtes un fabricant, vous pouvez sensibiliser sur l’impact écologique des matières premières, vers des alternatives durables ou des nouveaux procédés de fabrication. Vous pouvez par exemple proposer des “prix” carbone, c’est-à-dire d’apposer pour chaque produit la quantité de tonnes de CO2 équivalent à côté du prix en euro.

Si vous êtes une marque ou un distributeur, vous pouvez par exemple, informer vos clients sur les bonnes pratiques de lavage pour faire durer un produit le plus longtemps possible.

Vous pouvez aussi sensibiliser à la réparation ou au recyclage pour insuffler une seconde vie aux produits textiles.

C’est le cas d’IKKS qui propose un guide d'entretien à ses clients pour conserver leurs vêtements le plus longtemps possible. L’entreprise incite à l’adoption de comportements respectueux de l’environnement avec des tutoriels couture, des conseils de lavage ou de lecture des étiquettes produit.

Éco-concevoir ses produits pour faciliter le recyclage

L'éco-conception privilégie la réparabilité, le recyclage et la durabilité des produits. Il s’agit de privilégier des matières et des procédés de fabrication qui dureront dans le temps et qui permettent un recyclage plus facile.

Eco-concevoir vos produits consiste à prendre en compte l’ensemble des impacts d’un produit avant même sa conception. Cela consiste à :

  • Penser réutilisation et recyclage dès la conception du modèle ;
  • Privilégier la durabilité et la résistance de vos produits ;
  • Éviter les matières synthétiques ;
  • Opter pour des teintures naturelles et non toxiques ;
  • Favoriser les matières durables, écologiques, recyclable et/ou biodégradables ;
  • Optimiser la fabrication pour éviter les chutes de tissus et les défauts qualités ;
  • Réutiliser ou recycler vos produits en fin de vie pour en créer des nouveaux ;

Enfin, il est très difficile aujourd’hui de recycler un produit qui combine plusieurs types de fibres textiles. Éviter le mix-matière simplifie le processus de recyclage. Cela améliore aussi la qualité des matériaux récupérés, et donc de fabriquer des produits recyclés de meilleure qualité. C’est un cercle vertueux !

Recycler les invendus et les déchets textiles

Le recyclage des produits en fin de vie ou des invendus est une autre piste d’action pour diminuer les émissions de fin de vie.

Malheureusement, la filière recyclage pour l’industrie textile n’est pas encore industrialisée à grande échelle. En revanche, vous pouvez instaurer une économie circulaire en mettant en place la règle des 5 R.

Cette règle instaure la notion de circularité dans votre stratégie.

  1. Repenser ses produits pour qu’ils soient plus durables
  2. Récupérer vos produits pour limiter les déchets
  3. Réparer les articles pour allonger leur durée de vie
  4. Réutiliser les produits avant de les mettre avant de les mettre au recyclage
  5. Recycler lorsque le produit a atteint sa fin de vie.

Cette stratégie optimise le cycle de vie de vos produits en plus de limiter le besoin en produits neufs.

L’entreprise Cepovett, leader européen du vêtement professionnel, a mis en place un système de récupération des habits et pièces textile directement auprès de ses clients. Les produits textiles sont ensuite divisés en quatre parcours :

  • le réemploi grâce à un système de réparation,
  • le recyclage pour produire de nouveaux vêtements ou des isolants phoniques et thermiques,
  • L’upcycling pour créer des produits sans transformation tels que des porte-tablettes
  • La valorisation énergétique grâce à la transformation du résidu textile en combustible solide.

L’entreprise Boldoduc, spécialiste du textile technique, propose la réparation des produits vendus au sein de son atelier.

Vous pouvez aussi vous rapprocher d'acteurs proposant un recyclage en boucle fermée, comme Renaissance Textile, pour réutiliser les matériaux dans la chaîne de production.


💡 Bon à savoir : Le recyclage en boucle fermée désigne un processus de recyclage où les matériaux récupérés à partir de produits usagés sont réutilisés pour fabriquer de nouveaux produits de même type ou de qualité équivalente.

Vous pouvez aussi donner vos invendus à des associations pour le réemploi, ce qui prolonge la durée de vie des produits. Cela diminue l’impact carbone du produit en fin de vie, mais aussi du futur produit upcyclé.

Par exemple, l’entreprise Balas Textile donne ses chutes de textile issues du laboratoire afin qu’elles soient effilochées et broyées pour être utilisée comme matériau d’isolation.

Ainsi, mis bout à bout, le recyclage et le réemploi entraînent une réaction en chaîne qui diminue l'impact carbone de la filière entière.

Pour finir, nos modes de production et de consommation sont décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile.

Les entreprises du secteur ont le pouvoir de valoriser les pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients mais aussi d’instaurer de nouveaux modèles de production bas-carbone.

Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale !

Pour plus d’actions, consultez notre guide de décarbonation de l'industrie du textile !

Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.

De quoi inspirer la construction de votre plan d'action climat !

Pour aller plus loin, nous avons réuni 6 experts lors d’un webinaire pour parler décarbonation de l’industrie textile et levier d’actions.


Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile et de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.

Vous êtes une entreprise textile et vous voulez faire votre bilan carbone ?

Nous sommes des expert-es du bilan carbone et de la stratégie climat. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 clients, notamment dans l’industrie textile !
Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !

Sources :

Guide de décarbonation du textile et de l’habillement, WeCount

Assessment of Carbon Footprint for the Textile Sector in France, Cycleco

Article
Entreprises du textile : comment réduire votre bilan carbone ?

Vous êtes une entreprise textile ? Vous voulez adopter une démarche bas-carbone ? Dans cet article, découvrez comment réduire vos émissions de gaz à effet de serre. Un indice : le collectif.

Mathilde RONZE
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24/6/24

4 milliards de tonnes de CO2e par an, ce sont les émissions de CO2e générées par l’industrie du textile dans le monde. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent *

Les industries textiles françaises doivent respecter des standards environnementaux et sociaux parmi les plus exigeants de la planète. L'Union des Industries Textiles s'engage pour les accompagner et les aider à relever les défis du changement climatique.

L'objectif de ce webinaire : partager un état des lieux des enjeux climat pour le secteur textile en France et fournir des recommandations sur les leviers d’actions.

Les thématiques abordées lors de ce webinaire :


  • Pourquoi les entreprises du textile et de l’habillement doivent accélérer leurs travaux en matière de décarbonation ? (réglementation, pression parties prenantes, etc.)
  • Comment réaliser un bilan carbone robuste et fiable dans le secteur du textile et de l’habillement ? (témoignage d’une entreprise textile)
  • Quelles initiatives sont déployées par l’UIT pour aider les entreprises du secteur à se décarboner ? (présentation du dispositif des Promotions Climat WeCount et subventions associées)

Webinaire
Webinaire : Comment décarboner le secteur du Textile ?

L'objectif de ce webinaire : partager un état des lieux des enjeux climat pour le secteur textile en France et fournir des recommandations sur les leviers d’actions.

Mathilde RONZE
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14/6/24
Caroline GAIDON
Margot PIAU MOREAU
Camille BAÏS

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