L'industrie du textile produit 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année. C'est l'équivalent d'environ 4 milliards de tonnes équivalent CO2. Heureusement, des leviers d’actions sont possibles !
Aujourd’hui, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. La production de vêtements a doublé entre 2000 et 2014 (1). Dans la même période, les Européens ont augmenté leurs achats de vêtements de 40%, mais la durée de vie de ces habits est moitié plus courte qu’avant. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur textile pourraient constituer 26% du total mondial si la tendance persiste.
L’industrie textile est un secteur-clé dans la réduction des émissions de carbone mondiales. Quel est l’impact carbone du secteur textile en France ? Quels sont les principaux postes d’émissions ? Quels défis pour le secteur face au changement climatique ? Tour d’horizon de l’empreinte carbone de l’industrie du Textile et de l’Habillement ! Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.
L’industrie du textile, qu’est-ce que c’est ?
Le secteur textile en bref
L'industrie textile désigne l'ensemble des activités de production et de transformation de fibres en étoffes, feutres, non-tissés et autres matériaux textiles utilisés dans divers produits finis.
Cela englobe entre autres :
La production des matières premières textiles ;
La transformation des fibres ;
La filature ;
Les procédés de fabrication (tissage, tricotage, non-tissé, tressage, etc.) ;
L'ennoblissement (teinture) ;
La confection ;
etc.
Le textile ne concerne pas seulement l'habillement et l'ameublement. Son usage s'étend aux applications industrielles, médicales, de protection individuelle, et même dans les domaines de l'agriculture, du transport et du bâtiment. Ainsi, c’est une industrie importante pour la société.
La filière textile européenne
En Europe, selon Euratex la filière textile est répartie ainsi :
Mode et habillement 42 % (exemple : vêtements)
Ameublement et maison 14 % (exemple : rideaux, nappes)
Industriel et technique (19 %) (exemple : textile médicaux, parachutes
On dénombre 197 000 entreprises européennes pour 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires (8). La France représente à elle seule presque 20% du total !
Et en France ?
On compte 2150 entreprises françaises (63% de PME) pour 62 500 salariés. En 2022, l’industrie textile a généré 15,5 milliards de chiffres d'affaires, dont 12,9 milliards à l’exportation (2).
Le secteur du textile français est réputé hors frontières pour sa qualité et son innovation. En 2022, la France a exporté près de 13 milliards d’euros de produits textiles, notamment des vêtements maille, lingerie et textiles techniques.
Cependant, la France a également importé environ 25 milliards d’euros de produits textiles, majoritairement en provenance de la Chine et du Bangladesh.
Source : Guide de Décarbonation du textile WeCount
Enfin, les conséquences de l’industrie textile sur l’environnement et la société sont nombreuses : pollution de l’eau par microplastique et substances toxiques ou atteinte à la biodiversité, pour n'en citer que quelques-unes.
Dans cet article, nous nous concentrons uniquement sur l’impact carbone de la filière, notre cœur d’expertise.
Quelle est l'empreinte carbone de l'industrie du textile ?
Le secteur du textile est responsable de 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, etc.) selon l'Ademe.
Pourquoi un tel écart ? Les méthodologies utilisées et les informations d’une base de facteurs d’émission textile à l’autre peuvent varier d'où l'écart !
L’ADEME estime aussi que l’empreinte carbone textile d’une personne française est 442 kg de Co2e par an, soit l’équivalent des émissions de 68 t-shirts en coton ou 17 jeans !
Cela est dû aux matières premières utilisées et aux procédés industriels qui émettent de grandes quantités de CO2.
Mais l’importation joue aussi un rôle car un kilogramme de textile importé génère plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'un kilogramme de textile produit en France :
Source : Union des Industries Textile (UIT)
💡 Bon à savoir : Sans intervention, les émissions de GES du secteur pourraient atteindre 2,7 milliards de tonnes par an d'ici à 2030, représentant une croissance annuelle de 2,7% !
Quel est l’impact d’un produit textile ?
Pour comprendre l’empreinte carbone de la filière, il faut se pencher sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Quels sont les impacts à chaque étape de production ? Quelles émissions de GES sont émises par la production ?
L’intérêt d’une analyse carbone par produit est l’obtention d’un bilan carbone beaucoup plus précis et plus fiable.
Le cycle de vie du produit textile comporte 7 étapes :
Source : WeCount
Chaque étape contribue, à son échelle, à l’empreinte carbone du secteur.
La production des matières premières
Les matières premières représentent 20 à 30% des émissions de gaz à effet de serre du secteur.
Il existe trois types de matières premières : les matières naturelles (animales et végétales), les matières artificielles et les matières synthétiques.
Les matières végétales et animales utilisent une grande quantité d’eau, de surface agricole et de pesticides.
La production émet des gaz à effet de serre à plusieurs étapes :
Agriculture (élevage, culture, etc.) ;
Usage des produits chimiques ;
Déchets ;
Etc.
Par exemple, un t-shirt en coton consomme 2 700 litres d’eau, soit la quantité d’eau que devrait boire un individu en deux ans et demi ! Outre l’impact carbone, la surproduction interroge lorsqu’on sait qu’11% des Européens et 25% de la population mondiale souffre de pénurie d’eau.
Mais ce n’est pas tout !
La majeure partie des produits textiles vendus aujourd’hui sont issus des matières synthétiques. Environ 70% des fibres synthétiques sont issues du pétrole (2).
Or, les matières synthétiques relarguent des microplastiques dans les cours d’eau et les océans lors de leur production, mais aussi à chaque lavage. Les conséquences sont nombreuses comme la pollution des eaux marines ou l’atteinte à la biodiversité.
Enfin, les matières premières artificielles utilisent des intrants naturels, comme la pulpe de bois, et sont transformées avec des solvants pouvant être toxiques. Leur impact provient principalement de l’utilisation de produits chimiques ainsi que des procédés énergivores nécessaires à leur fabrication.
Une fois la fibre produite, elle est transformée en tissu par des procédés industriels plus ou moins énergivores.
Les procédés de transformation et de fabrication
Les procédés de transformation et de fabrication du textile englobent toutes les étapes permettant de convertir les matières premières en tissus puis en produits finis, à savoir :
La filature ;
Le tissage et tricotage ;
L’ennoblissement (la phase ayant l’impact carbone le plus élevé) ;
La confection ;
La phase de transformation des fibres et tissus représente près de 50 à 80% de l’empreinte carbone de l’industrie textile selon les études.(3)
💡 Bon à savoir : Par transformation des fibres et tissus, on entend la filature, le tissage et le tricotage ainsi que d’autres traitements tels que l'ennoblissement et la confection.
Certains traitements sont particulièrement toxiques pour l’environnement. C’est par exemple le cas du tannage du cuir dont les substances toxiques comme le chrome sont rejetées directement dans la rivière. C’est le cas de la rivière du Buriganda au Bangladesh qui est devenue l’une des plus toxiques au monde.
C’est aussi le cas de certaines teintures de jean fabriquées à base de plomb et de mercure dont les particules sont rejetées dans l’eau au lavage. En Chine, la rivière Li est devenue tellement toxique qu’il est interdit de boire l’eau ou de pêcher.
Le transport
La chaîne de valeur du textile est éclatée mondialement. Cette spécificité implique beaucoup d'étapes de transport. Par exemple, la confection est souvent délocalisée en Asie ou au Proche-Orient car son coût est très élevé. Aujourd’hui, la majorité des produits textiles sont fabriqués dans des pays comme la Chine, le Bangladesh, le Maroc ou l’Inde.
De plus, le commerce en ligne peut accroître poste d’émission du transport. On estime qu’environ un vêtement sur cinq acheté en ligne est renvoyé au siège de l’entreprise, ce qui participe à la consommation de masse. Le e-commerce augmente les livraisons multiples et donc les émissions de GES liées au transport, notamment celles du dernier km.
💡 Bon à savoir : Le dernier km désigne la dernière étape de la chaîne de distribution. En général, la fin de la livraison est l’étape la plus impactante du transport, car c’est l’étape la moins optimisée de la chaîne.
L'usage et fin de vie
80% des vêtements finissent enfouis ou incinérés (1). Au niveau mondial, seulement 1% des vêtements usagés sont recyclés en vêtements neufs. Une majeure partie des vêtements finissent dans des décharges à ciel ouvert.
C’est le cas du Ghana qui reçoit des vêtements usés en masse (214 millions de dollars USD de textile chaque mois) sans pouvoir les traiter, faute de moyens. Heureusement, la réglementation en matière de déchets textile évolue en Europe.
Selon l’EEA (Agence Européenne pour l’Environnement), en Europe 4 à 9% des produits textiles sont détruits sans avoir été usagés, cela représente entre 264 000 et 594 000 tonnes de textile détruites chaque année !
Dans le cadre de notre partenariat avec l’UIT, nous avons calculé le bilan carbone type pour une entreprise textile en France (obtenu par pondération des émissions de gaz à effet de serre des entreprises participantes). L’usage et la fin de vie des produits pèsent pour 10% du bilan carbone (3).
Dans un contexte de surproduction et de consommation croissante, la gestion des déchets et de la fin de vie des produits est un pilier de la décarbonation du secteur.
💡 Bon à savoir : La loi AGEC du 10 février 2020 interdit la destruction des invendus tandis que la stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires prévoit une interdiction d’exporter ses déchets hors de l’OCDE sous certaines conditions.
Et concrètement, quel impact sur les émissions de gaz à effet de serre ?
Comparons l’impact carbone de trois pulls en laine, coton recycle et acrylique (matière synthétique) :
Pull en laine
Pull en coton recyclé
Pull en acrylique
Fabrication
52.90 kg CO2e
8.10 kg CO2e
25.50 kg CO2e
Matières premières
39.30 kg CO2e
0.90 kg CO2e
13.90 kg CO2e
Approvisionnement
0.90 kg CO2e
0.50 kg CO2e
0.70 kg CO2e
Mise en forme
8.60 kg CO2e
5.50 kg CO2e
7.30 kg CO2e
Assemblage et distribution
4.10 kg CO2e
1.20 kg CO2e
3.60 kg CO2e
Usage
2.52 kg CO2e
3.58 kg CO2e
2.46 kg CO2e
Fin de vie
1.28 kg CO2e
1.52 kg CO2e
1.01 kg CO2e
Total
56.70 kg CO2e
13.19 kg CO2e
28.97 kg CO2e
Source : Impact C02
L’impact d’un pull en laine, c’est l’équivalent de deux enceintes connectées, 145 repas végétariens et quatre pulls en coton !
Le pull en acrylique quant à lui, correspond à plus de deux pulls en coton recyclé, 75 repas végétariens, et une enceinte connectée.
Dans tous les trois cas de figure, la fabrication du produit génère la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Le choix des matières premières et des procédés industriels est un levier de décarbonation primordial.
Zoom sur les principaux postes d’émissions
La majorité des gaz à effet de serre de l’industrie textile proviennent de la production de la fibre textile et de sa transformation en produit. Mais les émissions de CO2 équivalent ne sont pas le seul impact environnemental.
Les matières premières, première étape de la chaîne de valeur
Selon une étude Quantis (5), 15% de l’empreinte carbone de l’industrie textile provient de l’extraction et de la transformation des matières premières en fibre.
Ces chiffres varient d’une étude à l’autre selon l’échantillonnage et les critères pris en compte, par exemple l’utilisation du produit. Ainsi, les matières premières et leur transformation représentent 38% des émissions GES selon l’étude McKinsey (6) et 44% selon notre étude (3).
On retrouve des matières principales dans la plupart de nos vêtements : le polyester, le nylon, le coton, la viscose et le lyocell.
Le polyester
Le polyester est la matière première la plus utilisée dans la fabrication des vêtements (1). Sa fabrication implique l’extraction du pétrole et des procédés de transformation chimique lourds (appelé polymérisation). De plus, il est souvent produit en Chine, à Taïwan ou aux Etats-Unis.
Selon la base de données Ecoinvent, la production d’1 kg de polyester rejette 3.96 kg d’émissions de CO2 équivalent, soit 405 km en RER ou presque un aller-retour Paris-Marseille en TGV !
💡 Bon à savoir : Au-delà de l’impact carbone, ce sont 240 000 tonnes de microparticules de plastique qui sont relâchées chaque année dans les océans par le lavage des vêtements en fibre synthétique, soit l’équivalent de plus de 24 milliards de bouteilles plastiques !
Le nylon
La polyamide (ou nylon) est une matière première issue, elle aussi, du pétrole. Sa transformation nécessite beaucoup d'énergie et d'eau pour son refroidissement.
Tout comme le polyester, elle est responsable de pollution microplastique.
Le coton
Le coton représente un quart de la production mondiale. Pour sa production, non seulement des ressources en eau sont nécessaires, mais surtout l’industrie textile utilise une grande quantité de pesticides et d'insecticides.
Quel rapport avec le bilan carbone ? La culture du coton nécessite machines agricoles, utilisation de produits phytosanitaires et chimiques, processus de transformation du coton qui alourdissent le bilan carbone du secteur et des entreprises.
Le coton conventionnel est produit majoritairement en Chine, en Inde, au Pakistan, au Brésil et aux Etats-Unis.
1 kg de coton émet environ 2.17 kg de CO2 équivalent, soit presque deux fois moins que le polyester !
💡 Bon à savoir : Un t-shirt en coton, c’est aussi l’équivalent de 70 douches, d’où la nécessité de repenser notre consommation de vêtements !
La viscose et le lyocell
La viscose et le lyocell sont des matières artificielles fabriquées à partir de cellulose (bambou, maïs, eucalyptus, hêtre ou soja) et sont biodégradables. Bien qu’elles ne soient pas issues du pétrole, le procédé de transformation de cellulose est lourd. Il nécessite l’utilisation de produits chimiques hautement toxiques qui sont relâchés dans l’atmosphère.
💡 Bon à savoir : En plus du faible impact carbone, le lyocell est à privilégier car les solvants associés sont moins toxiques et peuvent être réutilisés.
1 kg de viscose émet 3.35 kg de CO2 équivalent. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'impact carbone du viscose est presque identique à celui du polyester ! Mais la matière la moins carbonée est le lyocell car 1 kg de lyocell génère 0.05 kg de CO2 équivalent (selon les bases de données).Ses émissions sont largement inférieure à toutes les autres matières premières ! Malgré des risques de déforestation d'eucalyptus, elle est considéré comme fibre écologique à produire.
L'alternative écologique : le lin
Le lin est considérée comme l'une des fibres les plus écologiques à produire. Elle ne nécessite que peu d'irrigation et peu de pesticides.
C'est aussi une matière relativement local car 80 à 85% de la production vient de France, de Belgique ou des Pays-Bas. Pourtant elle ne représente aujourd'hui qu'1% des produits textiles.
La phase de transformation : des procédés industriels lourds
La phase de transformation consiste à transformer la fibre en fil puis en tissu. Dans cette phase, on inclut :
La filature ;
Le tissage et le tressage ;
L’ennoblissement ;
La confection.
Ce sont des processus avec une consommation d’énergie excessive car ils ont souvent lieu dans des pays au mix électrique carboné.
Une étude menée par Cycleco démontre que cet impact varie selon le pays :
France : 10.63 kgCO2eq / kg de textile
Euromed : 24.96 kgCO2eq / kg de textile
Turquie : 25.14 kgCO2eq / kg de textile
Chine : 32.08 kgCO2eq / kg de textile
Reste du monde : 25.14 kgCO2eq / kg de textile
Plus le mix énergétique est faible, plus le rejet d’émissions de GES est élevé. Mais la transformation des fibres en tissu est un procédé très énergivore quel que soit le pays.
Selon Quantis, la transformation des fibres génère 76% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie textile, dont 36% rien que pour l’ennoblissement !
L’ennoblissement (teintures, impressions, blanchiment, etc.) est une des phases de transformation du textile la plus émettrice de la filière. Ennoblir les tissus requiert une très grande quantité de vapeur d’eau, obtenue à partir de gaz.
💡 Bon à savoir : Lors de l'ennoblissement, pour obtenir de la vapeur d’eau, l’eau est chauffée à plus de 130° avec du gaz. Or, le gaz est une énergie très carbonée, ces procédés sont donc très impactant en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Pendant la phase d’ennoblissement, la teinture et le séchage ont aussi un impact significatif sur le bilan carbone du produit textile.
La raison : une consommation d’énergie excessive et des résidus de produits chimiques qui nécessite des traitements énergivores en gaz.
Comment diminuer l’empreinte carbone de l’industrie textile ?
Mettre en place des actions au niveau de la filière
Maintenant que nous avons fait ensemble un état des lieux, comment réduire l’empreinte carbone à l'échelle du secteur ? Quels leviers peut-on actionner ?
Pour décarboner la filière du textile et de l’habillement, plusieurs pistes s’offrent à vous. En voici quelques-unes.
Soutenir la R&D
L’innovation peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur, notamment par :
Le développement de nouvelles matières premières écologiques telles que les fibres artificielles issues de sources biosourcées comme la banane ou le bambou ;
L'utilisation de fibres naturelles recyclées et l’extension de la filière de recyclage des fibres avec des exigences environnementales et de qualité;
L'amélioration de l’impact environnemental des matières premières existantes, par exemple les conditions de culture et les pratiques agricoles ;
La conception et l’industrialisation de procédés de ruptures, autrement dit de technologies de production moins énergivores et plus respectueuses de l'environnement, pour l’ennoblissement par exemple.
Étendre la filière du recyclage des produits textile
En améliorant les possibilités de recyclage, on améliore le taux de réemploi et la réparabilité des produits ce qui diminue l’impact environnemental. Plusieurs leviers d’actions sont possibles :
Améliorer les systèmes de collecte ;
Financer et développer des projets de R&D sur le recyclage ;
Développer une filière de recyclage industrialisée à grande échelle.
Former les professionnels du textile à la transition bas-carbone
Chez WeCount, nous sommes convaincus que la formation est un des moyens les plus efficaces pour gagner en connaissances et en compétences.
Intégrer les enjeux climat et éco-conception au cœur des formations initiales textiles ;
Sensibiliser et former les professionnels en entreprise aux enjeux, mais aussi aux leviers de décarbonation qu’ils peuvent mettre en place.
Sensibiliser les consommateurs
En tant qu’entreprise ou pouvoir public, on peut avertir sur les enjeux des modes de consommation de plusieurs manières :
Accélérer le développement de l’affichage environnemental et présenter un score carbone pour permettre au client de faire un choix éclairé ;
Communiquer et sensibiliser à l’impact des matières premières, par exemple en expliquant les différences d’impacts entre matières naturelles, artificielles, synthétiques et recyclées ;
Communiquer et sensibiliser à l’impact de l’utilisation des produits textiles.
Enfin, on peut aussi améliorer la fiabilité des facteurs d’émission en réalisant collectivement des analyses de cycle de vie (ACV) ou en travaillant sur des bases de données communes de facteurs d’émission.
En agissant collectivement on peut créer un effet de levier et diminuer durablement les émissions de GES du secteur !
Vous êtes un acteur de la filière ? Pour découvrir comment réduire vos émissions de CO2e, consultez notre Guide de décarbonation de l'industrie textile. Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.
De quoi vous inspirer dans la construction de votre plan d'action !
Réinventer les modes de consommation
Nos modes de production et de consommation font partie des enjeux décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile. Les entreprises peuvent créer ou renforcer la valorisation de pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients.
Depuis quelques années, de nouveaux modes de consommation plus respectueux de l’environnement émergent :
La location de produits textile ;
La réparation (soutenue par des lois ou des aides de l’État)
La seconde main ;
Etc.
Adopter ces nouveaux modèles de production et de consommation, c’est faire de votre entreprise un moteur et un leader de la décarbonation au niveau de la filière textile, et plus largement au niveau de la société.
C’est le cas de Décathlonqui s’est donné pour objectif de réduire de 20% ses émissions de CO2 équivalent d'ici à 2026 (par rapport à 2021). (11)
Pour atteindre son objectif, Décathlon fait de l’économie circulaire un pilier de son plan de transition. L’équipementier développe un nouveau modèle économique qui mise sur l’éco-conception, le recyclage, l’allongement de la durée d’usage de ses produits et sur des nouveaux services de réparation, d’occasion et de location. (12)
C’est aussi le cas de la marque 1083. L’entreprise a lancé son modèle économique sur une conviction simple : ses jeans ne doivent pas voyager plus de 1083 km (contre 65 000 km pour la fast-fashion). Un défi réussi puisque l'entreprise a aujourd’hui 100 revendeurs et a été lauréate du plan de relance 2021 pour la création d'un nouvel atelier de confection dans les Vosges. (13)
En réfléchissant dès maintenant à de nouvelles manières de produire, consommer et commercer, vous évoluez en même temps que la réglementation. Et c’est un atout pour votre entreprise car la législation tend de plus en plus vers la durabilité.
Qu’en est-il de la réglementation ?
Depuis quelques années, les pouvoirs publiques visent un objectif global de réduction de l'empreinte carbone du produit textile, depuis la production des fibres jusqu'au mode de consommation.
Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC)
Loi AGEC et industrie textile
La loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire du 10 février 2020 vise à rendre nos modes de consommation plus durables. Elles touchent l’industrie textile de plusieurs manières, notamment par :
La fin du plastique à usage unique d'ici à 2040 (exemple : emballage e-commerce) ;
La transparence sur les impacts environnementaux des produits ;
L'interdiction de détruire les invendus ;
La création de filières pollueur-payeur (8)
Affichage environnemental des produits textiles
Le but est d’améliorer l'information fournie aux consommateurs concernant les impacts environnementaux des produits pour :
Permettre au consommateur d'identifier rapidement les produits les plus écoresponsables ;
Encourager les entreprises à se tourner vers l’écoconception et une production responsable ;
Le décret n° 2022-748 du 29 avril 2022
Publié en application de l'article 13 I de la loi AGEC, ce décret encadre les informations environnementales fournies aux consommateurs pour les produits susceptibles de générer des déchets (4).
Pour les produits textiles, les entreprises doivent désormais fournir une fiche-produit dématérialisée détaillant les caractéristiques environnementales, notamment :
La directive CSRD renforce la réglementation en matière de reporting de durabilité. Toutes les grandes entreprises et les PMEs sont concernées dès 2025.
La CSRD impose notamment des obligations en termes de transparence et fiabilité de l’information durable, pour les consommateurs, mais surtout pour les investisseurs.
Ainsi, la législation tend de plus en plus vers une diminution de l’empreinte carbone du textile via des modes de production et de consommation raisonnés.
En synthèse
Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale.
Comment agir à l'échelle de l’entreprise ?
L'industrie dispose de six leviers d'actions principaux pour réduire l'empreinte carbone du secteur :
Agir sur les matières premières ;
Améliorer l'efficacité énergétique ;
Accroître la durabilité des produits pour réduire le volume de consommation ;
Encourager une consommation écoresponsable ;
Renforcer les régulations et les mesures incitatives par les autorités ;
Renforcer la collaboration sectorielle (référentiel commun, mutualisation des achats, R&D, etc.)
Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile & de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.
Vous préférez le format vidéo ?
Regardez notre webinaire sur la décarbonation de l'industrie textile. Nous y avons réuni 6 experts et professionnels pour parler des leviers pour décarboner les entreprises du secteur.
Vous souhaitez accélérer la transition climat & esg de votre entreprise ?
4 milliards de tonnes de CO2e par an, ce sont les émissions de CO2e générées par l’industrie du textile dans le monde. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent *
Les industries textiles françaises doivent respecter des standards environnementaux et sociaux parmi les plus exigeants de la planète. L'Union des Industries Textiles s'engage pour les accompagner et les aider à relever les défis du changement climatique.
L'objectif de ce webinaire : partager un état des lieux des enjeux climat pour le secteur textile en France et fournir des recommandations sur les leviers d’actions.
Les thématiques abordées lors de ce webinaire :
Pourquoi les entreprises du textile et de l’habillement doivent accélérer leurs travaux en matière de décarbonation ? (réglementation, pression parties prenantes, etc.)
Comment réaliser un bilan carbone robuste et fiable dans le secteur du textile et de l’habillement ? (témoignage d’une entreprise textile)
Quelles initiatives sont déployées par l’UIT pour aider les entreprises du secteur à se décarboner ? (présentation du dispositif des Promotions Climat WeCount et subventions associées)
Décarbonez ensemble l'industrie du textile et de l'habillement !
L’UIT (Union des Industries Textile) et WeCount ont travaillé main dans la main pour créer un guide de décarbonation complet et actionnable. 16 entreprises françaises du textile se sont portées volontaires pour se former et réaliser ensemble leur bilan de gaz à effet de serre et leur stratégie climat. Nous avons consigné leur expérience dans un guide pour allier les connaissances théoriques et la pratique.
Un objectif : accompagner les entreprises du textile qui souhaitent s’engager dans la transition bas-carbone à réaliser leur bilan de gaz à effet de serre, définir leur stratégie climat et déployer leur plan d’action.
Le bilan carbone d’une entreprise type de l’industrie textile ;
Les leviers d’actions pour réduire vos émissions.
Avec en bonus des retours d’expériences et une liste d’actions concrètes à mettre en place !
Le webinaire de lancement du guide
Vous souhaitez écoutez le témoignage d'expertes et d'entreprises du textile qui ont contribué à ce guide ?
Visionnez notre webinaire sur comment décarbonner les entreprises du textile et de l'habillement avec l'UIT, Boldoduc, Eric Bompard et Mathilde Ronze, notre experte textile !
La filière textile a un rôle clé à jouer dans la décarbonation de l’industrie mondiale. En effet, le secteur émet 4 milliards de tonnes de CO2e chaque année, soit environ 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Mais les entreprises du secteur font face à un défi majeur puisque 90 % de leur bilan carbone provient des émissions indirectes, c’est-à-dire d’émissions qui ont lieu hors de leurs murs. Pour réduire vos émissions de GES, la première étape est de calculer votre bilan carbone afin de mettre en place par la suite une stratégie de décarbonation efficace.
Quelles caractéristiques prendre en compte pour réaliser votre bilan carbone ? Comment réduire vos émissions de gaz à effet de serre ? Réponses dans cet article.
Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.
Les caractéristiques du bilan carbone pour l’industrie textile
La méthode de calcul du bilan carbone est commune à toutes les entreprises, mais il existe des spécificités selon les secteurs. En effet, la filière du textile et de l’habillement se caractérise par un grand volume de références produits. Les entreprises doivent ainsi analyser leur impact au niveau des produits qu’elles proposent, de manière détaillée.
source : Guide du Textile et de l'Habillement - WeCount
De plus, la majorité des émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile sont indirectes. Cela signifie que l’entreprise génère des émissions en amont et en aval de sa chaîne de valeur : chez ses fournisseurs, ses prestataires ou ses clients.
Ainsi, puisque la plupart des émissions ont lieu en dehors de son entreprise, il est important de mesurer les émissions de gaz à effet de serre à chaque étape de fabrication du produit, de la fibre au produit fini.
C’est pourquoi on privilégie une approche produit. Décomposer les étapes de fabrication permet d’identifier précisément où ont lieu les différentes émissions le long de la chaîne de valeur. Vous pouvez ensuite mettre en œuvre un plan d’action efficace et pertinent.
Pour cela, la première chose à faire est de définir vos familles de produits ainsi que leur granularité.
Voulez-vous suivre vos émissions de GES par référence ou par grande catégorie de produits ? Si vous renouvelez fréquemment votre gamme, une analyse par famille de produit - par exemple, le jean - facilitera votre travail et permettra des comparaisons années après années. Si votre portefeuille est au contraire constitué de produits intemporels, travailler à l’échelle de la référence peut vous permettre une étude plus fine.
Ensuite, de quel niveau de détails avez-vous besoin ? Par exemple, si vous êtes concerné par la loi AGEC ou souhaitez anticiper l’affichage environnemental, alors il est préférable de mesurer vos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la référence produit.
💡 Le conseil WeCount : selon que vous choisissez une analyse par produit ou par famille, veillez à garder le même indicateur année après année pour évaluer votre performance en matière de décarbonation.
Il faut ensuite analyser la chaîne de valeur à l’échelle de votre référence ou de votre catégorie pour identifier les facteurs d’émission associés. Pour cela, appuyez-vous sur des bases de données propres à l’industrie du textile comme Ecoinvent ou Ecobalyse.
💡 Bon à savoir : les bases de données sont régulièrement mises à jour. Nous vous conseillons d’actualiser votre bilan carbone pour qu’il soit le plus précis possible.
Les études réalisées à l’échelle mondiale montrent que les émissions de gaz à effet de serre des entreprises textile se répartissent ainsi :
Matières première : 20 à 30 % ;
Processus de transformation et de fabrication : 50 à 80 % ;
Utilisation et fin de vie des produits textiles : 10 à 20 %
Ces pourcentages sont calculés au niveau mondial et macroscopique, mais des disparités peuvent émerger au sein des entreprises. Cela est principalement dû aux matières premières utilisées, aux localisations de production et à l’endroit où sont lavés les produits.
Par exemple, en France, l’utilisation a un impact carbone faible, car notre électricité est relativement décarbonée.
Ces trois postes sont les enjeux de décarbonation prioritaires pour la majorité des entreprises de la filière, et voici comment vous pouvez agir.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile
Quel plan d’action mettre en place pour diminuer ses émissions de GES quand 90 % sont issues des fournisseurs, des partenaires ou des clients ? Selon qu’on soit une marque (donc un donneur d’ordre) ou un fabricant, les actions seront différentes mais complémentaires.
Si vous êtes une marque, alors vous êtes responsable des commandes que vous passez. Vous avez le pouvoir d’orienter vos choix vers des solutions à plus faible impact carbone et d’encourager une consommation responsable.
Si vous êtes un fournisseur, alors vous pouvez systématiquement proposer des alternatives éco-responsables à vos clients pour encourager des nouveaux modes de production.
Peu importe votre rôle, vous pouvez déjà diminuer vos émissions de GES grâce à quelques actions de réduction ciblées sur les matières premières, les procédés de fabrication et la fin de vie des produits textiles.
Réduire l’impact des matières premières
Commençons par la première étape, les matières premières. Pour diminuer votre impact carbone, deux leviers s’offrent à vous : le choix des matières premières et un approvisionnement éco-responsable.
Se tourner vers des matières plus écologiques et recycler
Bien choisir ses matières premières est capital pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.
Par exemple, 1 kilogramme de polyester rejette 3.96 kilogrammes de CO2 équivalent (CO2e) tandis qu’1 kilogramme de coton émet environ 2.17 kilogrammes CO2e, soit près de deux fois moins que le polyester (Ecoinvent).
Ainsi, le choix de la matière peut considérablement augmenter ou diminuer l’impact carbone de vos produits.
Pour un choix éclairé, il faut prendre en compte avant tout :
Le besoin de performance du produit et donc le besoin technique attendu
La notion de durabilité
Ensuite, vous pouvez ensuite choisir la meilleure des matières premières répondant à ces deux critères.
De manière générale, on cherche à limiter au maximum les matières premières synthétiques (issues de la pétrochimie et non renouvelables) au profit :
des matières naturelles à faible impact carbone comme le lin ou le coton issu de l’agriculture biologique,
des matières artificielles dites écologiques comme le lyocell,
des matières recyclées (si possible en boucle fermée).
Par exemple, l’entreprise Sofila développe une gamme de fils biosourcés pour s’affranchir de ressources pétrolières et non renouvelables. Ou encore Balas Textile a choisi de travailler avec des matières plus durables comme le lyocell.
Aujourd’hui, il existe des alternatives bas-carbone pour toutes les matières premières. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre impact environnemental, dimension économique et faisabilité technique.
Mettre en place une charte d’achats responsables
Dans la continuité du choix des matières premières, vous pouvez améliorer votre chaîne d’approvisionnement avec une charte d’achats responsables.
Elle repose sur trois piliers : sa démarche RSE, ses engagements et ses attentes envers ses fournisseurs et sous-traitants.
Pour mettre en place une charte d’achat responsable, vous pouvez :
Communiquer avec vos fournisseurs sur vos engagements respectifs,
Mesurer l’impact environnemental, social et sociétal de votre politique d’achat actuel pour chaque catégorie d’achat (fibre, fermoirs métalliques, emballage, etc.),
Identifier ce qui peut être amélioré et définir des critères d’évaluation RSE (par exemple, une meilleure traçabilité des fournisseurs, etc.)
Formaliser vos nouveaux engagements (par exemple en établissant un code de conduite à l’intention de vos fournisseurs et sous-traitants)
Communiquer cette charte auprès de vos parties prenantes
C’est le cas de Balas Textile qui développe une gamme de polyester et de polyamide recyclés. Ils sont également signataires de la charte RFAR (Relations Fournisseurs Achats Responsables).
Vous pouvez aussi ouvrir le dialogue avec vos fournisseurs et partenaires actuels pour définir une charte commune et vous engager ensemble dans la décarbonation de vos activités. Effet boule de neige assuré !
Diminuer les émissions GES de la fabrication
Les processus de transformation des fibres textiles en produit sont très énergivores. Nous vous proposons trois actions pour améliorer vos performances énergétiques.
Améliorer l’efficacité énergétique des procédés de fabrication
L'amélioration de l’efficacité énergétique passe par trois piliers :
Consommer moins
Travailler sur l'efficacité énergétique
Utiliser des énergies renouvelables
Consommer moins passe par la sobriété, l’entretien des machines ou encore l’utilisation de machines moins énergivores. Vous pouvez moderniser vos équipements existants ou les remplacer par de nouveaux moins énergivores au fil des années.
Vous pouvez travailler votre efficacité énergétique en optimisant les phases de fonctionnement ou encore en récupérant la chaleur fatale par exemple.
Enfin, vous pouvez développer l’utilisation des énergies énergies renouvelables ou de réseau de chaleur et de froid pour sortir des énergies fossiles. Nous y reviendrons tout à l’heure.
Zoom sur l’ennoblissement
L’ennoblissement est un des procédés les plus énergivores de la chaîne de valeur du textile. Pourtant, les ennoblisseurs peuvent réduire une partie de leurs émissions grâce à ces trois piliers.
C’est le cas de l’entreprise TAT (Teintures et Apprêts de La Trambouze). L’ennoblisseur utilise un compteur portatif pour mesurer la consommation énergétique de l’ensemble de leurs machines. Cela permet à l’entreprise de connaître puis de réduire la part de consommation de chaque équipement.
Vous pouvez aussi adopter des procédés à faibles émissions. Par exemple, une baisse de température de 20° lors de la teinture a déjà un impact visible sur le bilan carbone d’un ennoblisseur. Ou encore, certaines teintures naturelles ou issues de la chimie verte ont un impact moins élevé que les teintures traditionnelles.
Enfin, vous pouvez également explorer des nouvelles techniques émergentes pour réduire voire éliminer la consommation d’énergie carbonée. Par exemple, l’impression numérique pigmentaire permettrait de gagner 30 à 60 % d’énergie.
Sortir du gaz en développant l’utilisation d’énergie décarbonée
L’utilisation du gaz est largement répandue par les fabricants. Or, il est responsable d’une grande partie des émissions de GES lors de la fabrication.
Pour éviter le gaz, plusieurs actions sont possibles :
Électrifier vos procédés ou passer à de l’hybride ;
Vous brancher à un réseau de chaleur/froid
Utiliser des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.).
Vous pouvez sortir de la dépendance aux énergies carbonées en déployant un parc d’énergies renouvelables sur vos sites de production, par exemple des panneaux solaires sur le toit des usines. Ainsi, vous consommez une énergie produite sur place à très faible coût carbone.
Relocaliser la production dans un pays à l’énergie décarboné
L'impact des processus de fabrication varie selon le pays car ce sont des processus énergivores. Aujourd’hui, une grande partie de la fabrication a lieu dans des pays au mix énergétique carboné. Or, plus le mix énergétique est carboné, plus le rejet d’émissions de GES est élevé.
D’ailleurs, une étude menée par Cycleco démontre qu’un kilogramme de textile émet (2) :
10.63 kg de CO2 équivalent (CO2e) s’il est produit en France ;
25.14 kg de CO2e s’il est produit en Turquie ;
Et 32.08 s’il est produit en Chine.
Avec une relocalisation partielle ou totale de la production en France (ou dans des pays à l’énergie décarbonée), les marques peuvent diminuer drastiquement l’impact carbone de leurs produits.
Améliorer la gestion de fin de vie des produits
La fin de vie des produits textiles pose des enjeux de gestion des déchets et de consommation. Trois leviers de réduction sont à votre disposition : la sensibilisation, l’éco-conception et le recyclage.
Sensibiliser le consommateur à un usage responsable
En tant qu’entreprise, vous avez le pouvoir de sensibiliser les consommateurs à des pratiques d’utilisations responsables.
Si vous êtes un fabricant, vous pouvez sensibiliser sur l’impact écologique des matières premières, vers des alternatives durables ou des nouveaux procédés de fabrication. Vous pouvez par exemple proposer des “prix” carbone, c’est-à-dire d’apposer pour chaque produit la quantité de tonnes de CO2 équivalent à côté du prix en euro.
Si vous êtes une marque ou un distributeur, vous pouvez par exemple, informer vos clients sur les bonnes pratiques de lavage pour faire durer un produit le plus longtemps possible.
Vous pouvez aussi sensibiliser à la réparation ou au recyclage pour insuffler une seconde vie aux produits textiles.
C’est le cas d’IKKS qui propose un guide d'entretien à ses clients pour conserver leurs vêtements le plus longtemps possible. L’entreprise incite à l’adoption de comportements respectueux de l’environnement avec des tutoriels couture, des conseils de lavage ou de lecture des étiquettes produit.
Éco-concevoir ses produits pour faciliter le recyclage
L'éco-conception privilégie la réparabilité, le recyclage et la durabilité des produits. Il s’agit de privilégier des matières et des procédés de fabrication qui dureront dans le temps et qui permettent un recyclage plus facile.
Eco-concevoir vos produits consiste à prendre en compte l’ensemble des impacts d’un produit avant même sa conception. Cela consiste à :
Penser réutilisation et recyclage dès la conception du modèle ;
Privilégier la durabilité et la résistancede vos produits ;
Éviter les matières synthétiques ;
Opter pour des teintures naturelles et non toxiques ;
Favoriser les matières durables, écologiques, recyclable et/ou biodégradables ;
Optimiser la fabrication pour éviter les chutes de tissus et les défauts qualités ;
Réutiliser ou recycler vos produits en fin de vie pour en créer des nouveaux ;
Enfin, il est très difficile aujourd’hui de recycler un produit qui combine plusieurs types de fibres textiles. Éviter le mix-matière simplifie le processus de recyclage. Cela améliore aussi la qualité des matériaux récupérés, et donc de fabriquer des produits recyclés de meilleure qualité. C’est un cercle vertueux !
Recycler les invendus et les déchets textiles
Le recyclage des produits en fin de vie ou des invendus est une autre piste d’action pour diminuer les émissions de fin de vie.
Malheureusement, la filière recyclage pour l’industrie textile n’est pas encore industrialisée à grande échelle. En revanche, vous pouvez instaurer une économie circulaire en mettant en place la règle des 5 R.
Cette règle instaure la notion de circularité dans votre stratégie.
Repenser ses produits pour qu’ils soient plus durables
Récupérer vos produits pour limiter les déchets
Réparer les articles pour allonger leur durée de vie
Réutiliser les produits avant de les mettre avant de les mettre au recyclage
Recycler lorsque le produit a atteint sa fin de vie.
Cette stratégie optimise le cycle de vie de vos produits en plus de limiter le besoin en produits neufs.
L’entreprise Cepovett, leader européen du vêtement professionnel, a mis en place un système de récupération des habits et pièces textile directement auprès de ses clients. Les produits textiles sont ensuite divisés en quatre parcours :
le réemploi grâce à un système de réparation,
le recyclage pour produire de nouveaux vêtements ou des isolants phoniques et thermiques,
L’upcycling pour créer des produits sans transformation tels que des porte-tablettes
La valorisation énergétique grâce à la transformation du résidu textile en combustible solide.
L’entreprise Boldoduc, spécialiste du textile technique, propose la réparation des produits vendus au sein de son atelier.
Vous pouvez aussi vous rapprocher d'acteurs proposant un recyclage en boucle fermée, comme Renaissance Textile, pour réutiliser les matériaux dans la chaîne de production.
💡 Bon à savoir : Le recyclage en boucle fermée désigne un processus de recyclage où les matériaux récupérés à partir de produits usagés sont réutilisés pour fabriquer de nouveaux produits de même type ou de qualité équivalente.
Vous pouvez aussi donner vos invendus à des associations pour le réemploi, ce qui prolonge la durée de vie des produits. Cela diminue l’impact carbone du produit en fin de vie, mais aussi du futur produit upcyclé.
Par exemple, l’entreprise Balas Textile donne ses chutes de textile issues du laboratoire afin qu’elles soient effilochées et broyées pour être utilisée comme matériau d’isolation.
Ainsi, mis bout à bout, le recyclage et le réemploi entraînent une réaction en chaîne qui diminue l'impact carbone de la filière entière.
Pour finir, nos modes de production et de consommation sont décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile.
Les entreprises du secteur ont le pouvoir de valoriser les pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients mais aussi d’instaurer de nouveaux modèles de production bas-carbone.
Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale !
Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.
De quoi inspirer la construction de votre plan d'action climat !
Pour aller plus loin, nous avons réuni 6 experts lors d’un webinaire pour parler décarbonation de l’industrie textile et levier d’actions.
Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile et de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.
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La consommation numérique connaît une croissance exponentielle. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre du secteur augmentent de 6 % chaque année. En France, le numérique représente 2.5 % de notre empreinte carbone et son impact pourrait tripler entre 2020 et 2050.
L’impact du numérique est large : fabrication, consommation et utilisation des équipements, la filière entraîne des conséquences matérielles, environnementales et sociales souvent sous-estimées.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons diminuer ensemble les émissions de GES du secteur, mais aussi ses externalités négatives. En route pour un tour d’horizon de l’empreinte carbone du numérique et des actions de réduction.
Quelle est l'empreinte carbone du numérique ?
Le numérique génère 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. Ce nombre vous paraît négligeable ? Cela représente pourtant 17 millions de tonnes CO2 équivalent (tCO2eq) émises en 2020. Et ce nombre est en hausse constante.
Les émissions du numérique pourraient atteindre 25 millions de tonnes de CO2e d’ici 2030, soit augmenter de 45% !
Le secteur numérique englobe trois composants : les équipements utilisateurs (ou terminaux), les centres de données (aussi appelé data center) et les infrastructures réseaux.
Les émissions de GES du secteur se répartissent ainsi :
79% proviennent des terminaux des utilisateurs ;
16% des centres de données (datacenter) ;
5% viennent des réseaux (Arcep, 2022)
L’empreinte carbone du numérique ne se résume donc pas seulement à l'utilisation d’internet. Derrière nos usages virtuels se trouvent des terminaux et des infrastructures matériels qui génèrent eux aussi des émissions.
Les trois composants du numérique : terminaux, réseaux et infrastructures à distance
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos équipements et leur durée de vie sont les premiers responsables de l’impact du numérique. La raison ? Le nombre d’appareils dépasse largement le nombre de centres de données. Ils sont aussi renouvelés plus fréquemment.
Creusons plus en détail l’impact de chacun des composants.
Les terminaux, premier facteur d’impact carbone
Nous l’avons vu plus haut, les terminaux sont la première cause des émissions de gaz à effet de serre du numérique.
80 % des émissions de GES de nos équipements sont relâchées avant leur première utilisation. Plus précisément, en France, 78 % des émissions proviennent de la fabrication et 21 % de l’utilisation (utilisations des réseaux et des centres de données inclus).
Les ordinateurs, les télévisions et les smartphones ont l’impact carbone le plus élevé avec :
39% pour les ordinateurs ;
26% pour les téléviseurs ;
20% pour les smartphones.
A eux trois, ils représentent 85 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux équipements électroniques et près de 50 % des émissions de GES totales du numérique.
💡 Bon à savoir : les terminaux incluent tous les appareils numériques, notamment les téléphones, ordinateurs, téléviseurs, objets connectés, consoles de jeux vidéo, appareils électroménagers, la domotique, etc.
Cet impact est en partie dû à une durée de vie moyenne trop courte :
2.5 ans pour les smartphones ;
3 ans pour les tablettes ;
5 ans pour les ordinateurs portables.
Cependant, le manque de données complique l’évaluation exacte de l’impact de leur durée de vie.
Les data centers, source croissante d’émissions de gaz à effet de serre
Les terminaux sont l’enjeu majeur de la décarbonation du numérique. Mais les data centers restent tout de même énergivores.
Le parc de centre de données croît parallèlement à l’augmentation des usages numériques. Il pourrait représenter 22 % des émissions GES d’ici 2050, et ce malgré une amélioration de l’efficacité énergétique !
Plus de 90 % des émissions de GES issues des data centers proviennent de la consommation électrique (Arcep).
Ces émissions ont augmenté de 15 % en 2022 par rapport à 2021 suite à la mise en service de nouveaux centres de données.
A l’échelle mondiale, l’arrivée de l’intelligence artificielle et l’explosion du volume de données à traiter pourraient doubler les besoins en énergie d’ici 2026 (Agence Internationale de l’Energie).
L'intelligence artificielle demande de l'entraînement. Cet entraînement est très gourmand en calcul et en volume de données. Il nécessite d’être alimenté par un grand ensemble de données et d’être ajusté en permanence pour fournir les résultats les plus précis possibles. Cela demande aussi de la réactivité ainsi que la capacité à traiter un maximum de requêtes en un minimum de temps. Cette réactivité exige une puissance de traitement bien plus intense que les programmes informatiques classiques.
De plus, les centres de données sont concernés par un effet rebond très important. L'effet rebond désigne le fait que “certains gains environnementaux dus à une gestion des ressources plus efficace ou à des progrès techniques sont sensiblement diminués ou annulés par une augmentation de la consommation ou une modification des usages” (Journal officiel du 28/05/2023).
Dans le cas des data centers, cela signifie que l’amélioration des performances énergétiques ne permet pas de compenser la croissance des usages du numérique.
Infrastructures et réseaux, dernier maillon de l’impact carbone du secteur
Les infrastructures réseaux comprennent les box internet, les câbles transatlantiques et les réseaux mobiles. Bien que leur part d’émissions de GES soit plus faible que les terminaux et les centres de données, la tendance est à l’augmentation.
En 2022, alors que la consommation électrique diminue en France, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobiles augmente de 7 % sur la même période. En 2021, cette consommation connaissait déjà une croissance de +6 %.
Cela est dû à l’accroissement de la consommation des données mobiles (28 % en 2022 contre 20% en 2021) et au déploiement de sites mobiles puisque 7 300 nouveaux sites mobiles ont été déployés en France en 2022.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre des réseaux s’accentuent en même temps que les flux de données augmentent et que les réseaux mobiles comme la 5G et la 6G se déploient. Mais l’impact du numérique va au-delà des émissions de gaz à effet de serre.
Quels sont les impacts environnementaux et sociaux du numérique ?
La fabrication des équipements numériques nécessite l'approvisionnement en métaux, en terres rares et l'utilisation de produits chimiques.
L’extraction des matières premières et l’usage de ces produits entraînent la destruction de la végétation naturelle et des terres agricoles, la dégradation des sols et le rejet de substances hautement toxiques pour l’humain et l’environnement comme le mercure, l'arsenic ou le plomb.
De plus, l’extraction des terres rares produit des déchets radioactifs que nous ne savons pas traiter à l’heure actuelle.
💡 Bon à savoir : les terres rares sont des métaux omniprésents sur la croûte terrestre. Le terme rare caractérise leur faible concentration qui nécessite un processus d’extraction, de traitement et de séparation polluants et coûteux en énergie.
Sur le plan social, les conditions de travail dans les mines sont souvent précaires. On estime d’ailleurs que 40 000 enfants travaillent encore dans des mines. Aussi, des conflits militaires éclatent dans les pays où les matériaux sont extraits car ils ont souvent un quasi monopole de la matière première.
À cela s'ajoute une consommation intensive d’eau. Les centres de données fonctionnent jour et nuit pour satisfaire les requêtes des utilisateurs. Au-dessus d’un certain seuil de température, il faut les refroidir pour éviter la surchauffe.
En 2022, Microsoft a consommé à lui seul 6,4 milliards de litres d’eau avec le déploiement de l’intelligence artificielle et de nouveaux centres de données. C’est 34 % d’eau en plus par rapport à 2021. La même année, les data centers de Google ont consommé environ 15 milliards de litres d’eau. Cette surconsommation interroge lorsqu’on sait que certains des serveurs sont implantés dans des régions en stress hydrique comme l’Amérique du Sud.
De plus, les usines des composants électroniques rejettent des déchets toxiques dans les cours d’eau. Or, la fabrication se déroule là encore dans des régions en stress hydrique. Au Chili, la pénurie d'eau et la pollution causée par les mines ont vidé des villages entiers.
Après la fabrication, l'assemblage est principalement réalisée en Asie, où les employés travaillent jusqu’à 12h par jour sous une pression constante. Lors de la crise du coronavirus en 2020, certaines usines ont imposé à leurs travailleurs de dormir sur place pour maintenir la cadence de production.
Enfin, les déchets électroniques constituent un défi environnemental. Seulement 17 % des déchets électroniques sont recyclés, tandis que 60 % terminent dans des décharges à ciel ouvert dans des pays en incapacité de traiter ces déchets comme le Ghana ou l’Inde. L'accumulation des métaux lourds dans le sol menace directement la santé des travailleurs et des habitants. Par exemple, une exposition au mercure sur le long terme peut provoquer des lésions cérébrales sévères.
Les impacts sociaux et environnementaux du numérique restent souvent invisibles pour les consommateurs, car ils se produisent à l'autre bout du monde et ne sont pas visibles à court terme.
Pour terminer, on estime que la production d’un ordinateur moyen implique :
1.5 tonnes d’eau,
800 kg de matières premières,
22 kg de produits chimiques,
Main d'œuvre aux conditions de travail dangereuses.
Une tonne par personne chaque année rien que pour nos usages numériques
Maintenant que ces ordres de grandeur sont posés, analysons l’impact carbone d’un ordinateur portable.
Quelle est l’empreinte carbone d’un ordinateur ?
L'empreinte carbone d'un ordinateur portable se divise en trois phases : la fabrication, l'usage et la fin de vie.
Fabrication : des matières premières à l’assemblage
Le cycle de vie d’un ordinateur commence par l'extraction minière des matières premières.
Les ordinateurs contiennent plusieurs types de métaux :
des métaux communs comme le fer, l'aluminium et le cuivre,
des métaux précieux comme l'or et le platine
Des terres rares.
Ces matériaux sont essentiels, mais leur extraction a un impact carbone élevé.
D’abord, les terres rares sont des métaux disséminés en très faible proportion sur l’ensemble de la croûte terrestre. Il faut en extraire une grande quantité de minerais puis les traiter chimiquement pour séparer les terres rares et les récupérer. Ces procédés sont très énergivores et génèrent beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, la raréfaction des ressources entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Plusieurs matières premières sont considérées comme critiques. C’est le cas du cuivre, du silicium, du lithium ou du cobalt.
Prenons l'exemple du cuivre. Il y a 100 ans, nous devions extraire 50 kg de roche pour obtenir 1 kg de cuivre. Aujourd’hui, nous avons besoin de 150 kg de roche pour 1 kg de cuivre dans les mines les plus rentables.
En d'autres termes, nous devons fournir plus d’énergie - donc émettre plus de gaz à effet de serre - qu’il y a 100 ans pour extraire la même quantité de cuivre.
💡 Bon à savoir : le même phénomène se produit avec le pétrole et le charbon. Nous avons épuisé les gisements les plus faciles à atteindre.
Paradoxalement, plus la taille du matériel diminue, plus le ratio matières premières - produit final est élevé :
1 kilogramme d’ordi = 400 kg de matières
1 kilogramme de smartphone = 1 000 kg de matières
1 puce électronique = 16 000 kg de matières
💡 Bon à savoir : on retrouve jusqu’à 50 métaux différents rien que dans un seul smartphone. On peut estimer qu’un ordinateur nécessite le même nombre de métaux puisque les processeurs, les écrans ou encore les circuits d’alimentations sont similaires. Imaginons la quantité de métaux nécessaire pour assurer la production mondiale !
Ainsi, la plupart des analyses de cycle de vie des ordinateurs (ACV) montrent que les étapes d’extraction des matières premières et de transformation des minerais en composants électroniques sont les plus émettrices de gaz à effet de serre.
La cause ? Un épuisement des ressources abiotiques qui induit une plus grande consommation énergétique, des procédés industriels chimiques et énergivores et donc des émissions de GES très élevées.
Par exemple, la gravure des semi-conducteurs (parmi d'autres procédés) relâche du NF3, un puissant gaz à effet de serre inclus dans le protocole de Kyoto.
Enfin, la chaîne de valeur éclatée des appareils électroniques entraîne des émissions liées au transport :
L’extraction a souvent lieu en Afrique, en Amérique du Sud ou en Australie.
La fabrication se déroule en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis.
Le téléphone est assemblé en Asie du Sud-Est.
Puis, la distribution s’effectue généralement par avion.
💡 Bon à savoir : en comparaison avec l’ensemble des émissions de la chaîne de valeur, le transport par avion représente environ 1 % des émissions totales. Cela signifie que la phase de fabrication est particulièrement émettrice de GES.
Phase d’usage
La phase d’usage du numérique contribue pour 21 % aux émissions de GES de l’ordinateur. Elle comporte trois enjeux majoritaires :
La consommation d’énergie liée à l'usage des appareils, des box internet et du cloud,
La production de froid pour refroidir les data centers,
L’utilisation d’eau.
Aujourd’hui en France, l'utilisation représente 10 % de la consommation électrique nationale et 6.2 % de notre consommation d’énergie primaire. Ce chiffre pourrait atteindre 30 % d’ici 10 ans.
Fin de vie de l’ordinateur
L'obsolescence des appareils numériques empêche de rentabiliser l'impact environnemental de la fabrication. Les équipements sont de plus en plus difficiles à réparer à cause de composants miniaturisés et soudés, les mises à jour logicielles deviennent rapidement incompatibles. L’obsolescence programmée et les avancées technologiques incitent au renouvellement fréquent de son ordinateur donc à la surconsommation.
D’après Ecologic, 2,1 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont produits en France chaque année, dont seulement 43 % sont collectés par la filière recyclage.
💡 Bon à savoir : à titre d’exemple, seuls 20 % des matériaux (or, platine, aluminium, etc.) d’un smartphone sont récupérés lors du recyclage. Les autres métaux et terres rares sont aujourd’hui difficile à recycler.
Enfin, il est important de différencier fin d'usage et fin de vie d'un équipement. Lorsqu’on arrête d’utiliser un équipement, on parle de fin d’usage. Mais l’appareil peut souvent être réparé ou reconditionné, ce qui permet de retarder sa fin de vie et de réduire son impact carbone. Lorsque l’équipement devient inexploitable, alors on parle de fin de vie.
Selon l’ADEME, un ordinateur portable émet 156 kg CO2e lors de sa conception (Base Empreinte).
S’il est conservé 5 ans puis remplacé, l’impact est de 62.4 kg CO2e/an mais si on le conserve 8 ans, l’impact descend à 19.5 kg CO2e/an. Cela représente une économie de 69 % !
En définitive, l’empreinte carbone d’un ordinateur ne se résume pas seulement à l’usage, mais aussi - et surtout - à la fabrication.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons mettre en place des actions pour minimiser l’impact carbone des équipements numériques.
Comment réduire l'empreinte carbone du numérique ?
Malgré ce constat, faut-il renoncer à l’usage numérique ? La réponse est non. Il s’agit de repenser notre utilisation et de rationaliser la conception des terminaux.
Selon qu’on soit utilisateur ou fabricant, nous pouvons instaurer des bonnes pratiques d’usage et de fabrication afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre du numérique. Voici comment.
Réduire les émissions de l’usage du numérique des utilisateurs
Côté utilisateur, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre du numérique en allongeant la durée de vie de nos équipements et en sensibilisant à l’impact du numérique en entreprise.
Mais avant même de penser durée de vie, interrogeons nous sur notre besoin et notre consommation.
Quel est mon besoin réel ? Ai-je besoin de filmer au quotidien des vidéos en très haute qualité ou d’une capacité de traitement de l’image avancée ? Ai-je besoin d’une tablette puissante parce que c’est mon outil de travail ? Pour les entreprises, quelle est l’utilisation numérique réelle de mes collaborateurs ?
Si je veux remplacer mon équipement pour un appareil plus high tech, est-ce que je vais me servir de ces nouvelles fonctionnalités ? Pour les professionnels, vais-je vraiment exploiter le potentiel technologique ?
En ce qui concerne l’usage de l’intelligence artificielle, est-ce pertinent de recourir à l'IA pour la moindre questions ?
Si mon appareil reste fonctionnel, est-ce que je peux trouver une solution alternative au remplacement (par exemple la réparation ou le reconditionnement) ?
Le biais de nouveauté est la tendance à toujours privilégier la nouveauté au détriment de l’ancien. Cette attirance pour le neuf peut nous pousser à remplacer nos appareils même lorsqu'ils sont toujours fonctionnels. Ainsi, questionner son besoin permet de rationaliser sa consommation et d’éviter ce biais cognitif.
Si la réponse à ces questions nécessitent un renouvellement d’équipement numérique, voici quelques bonnes pratiques à mettre en place :
Allonger la durée de vie des équipements en les renouvelant uniquement lorsqu'ils ne fonctionnent plus.
Opter pour des terminaux reconditionnés ou recyclés plutôt que neufs.
Réparer et protéger ses appareils grâce à des contrats de maintenance, des systèmes d'exploitation libres, des coques de protection, des mallettes de transport, des antivirus et des mesures de protection des données pour prolonger la durée de vie des équipements.
En fin d’usage, envoyer les appareils en filières de reconditionnement ou de recyclage pour assurer une fin de vie responsable.
En entreprise, vous pouvez aussi sensibiliser et former vos collaborateurs avec des ateliers comme la Fresque du Numérique ou des formations proposées par l'INR (Institut du Numérique Responsable) ou l’Inria pour comprendre et réduire votre impact numérique.
Réduire les émissions de fabrication des équipements numériques
Côté fabricant, vous pouvez réduire l’impact carbone de la fabrication en instaurant des pratiques d'éco-conception et de réparabilité.
Éco-concevoir les produits numériques
L’éco-conception va de pair avec la rationalisation du besoin utilisateur et la sobriété. Cela signifie privilégier les fonctionnalités essentielles et une production raisonnée pour réduire la quantité de ressources nécessaires et diminuer l’impact carbone.
Ensuite, pour optimiser les performances environnementales de vos produits numériques, voici ce que vous pouvez faire :
Adapter les fonctionnalités aux besoins des utilisateurs,
Optimiser la gestion des flux de données et des flux vidéos par une adaptation systématique aux terminaux,
Améliorer l'efficacité énergétique de vos équipements numériques,
Mettre en avant l'indice de réparabilité et assurer la traçabilité des matériaux,
Proposer de passer automatiquement en réseau WiFi quand c'est possible pour optimiser l’énergie consommée,
Encourager la filière recyclage en proposant la réparabilité ou le recyclage systématique des appareils numériques.
Selon l’étude de l’Arcep, instaurer un principe d’éco-conception généralisé permettrait déjà de diminuer la consommation de ressources de 15 % et de stabiliser l’empreinte carbone du numérique à +5 %.
Améliorer la traçabilité des équipements numériques
Enfin, la traçabilité des équipements permet d’encourager une consommation responsable en aidant les consommateurs à mieux comprendre les impacts environnementaux des produits qu'ils achètent.
En tant que fabricant, vous pouvez notamment :
Améliorer les informations disponibles pour les consommateurs,
Afficher les impacts environnementaux des produits,
Assurer une transparence totale de la chaîne de production,
Adopter des labels environnementaux comme TCO Certified ou Blue Angel pour tendre vers une production respectueuse de l'environnement et des droits humains.
Ainsi, en agissant ensemble - fabricants et utilisateurs - nous pouvons diminuer durablement l'empreinte carbone du secteur !
Vous êtes un acteur de la filière numérique ? Découvrez plus de solutions et de conseils pour vous décarboner dans Guide de décarbonation du numérique.
Co-construit par WeCount et 9 entreprises du numérique, ce guide est pensé comme une feuille de route qui répertorie les leviers de décarbonation spécifiques au secteur du numérique.
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▶️ Une masterclass sur le bilan carbone de la filière BTP par Marine Fouquet, associée chez WeCount et experte batiment
Ateliers collectifs, formation, accompagnement individuel, durant 5 mois, vous pourrez ainsi réaliser votre bilan carbone, formaliser un plan d'actions et une stratégie climat pour votre structure et former une équipe en interne pour la déployer.
4 milliards de tonnes de CO2e par an, ce sont les émissions de CO2e générées par l’industrie du textile dans le monde. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent *
Les industries textiles françaises doivent respecter des standards environnementaux et sociaux parmi les plus exigeants de la planète. L'Union des Industries Textiles s'engage pour les accompagner et les aider à relever les défis du changement climatique.
L'objectif de ce webinaire : partager un état des lieux des enjeux climat pour le secteur textile en France et fournir des recommandations sur les leviers d’actions.
Les thématiques abordées lors de ce webinaire :
Pourquoi les entreprises du textile et de l’habillement doivent accélérer leurs travaux en matière de décarbonation ? (réglementation, pression parties prenantes, etc.)
Comment réaliser un bilan carbone robuste et fiable dans le secteur du textile et de l’habillement ? (témoignage d’une entreprise textile)
Quelles initiatives sont déployées par l’UIT pour aider les entreprises du secteur à se décarboner ? (présentation du dispositif des Promotions Climat WeCount et subventions associées)