Chaque jour, vos choix et activités en tant qu'étudiant contribuent à votre empreinte carbone globale. Mais quelle est l'ampleur de cette contribution ? Grâce à notre questionnaire rapide et intuitif, découvrez en seulement cinq minutes vos émissions de CO2e annuelles liées à votre vie étudiante.
Mesurer mon empreinte
Prendre conscience est le premier pas vers un changement significatif. En comprenant votre propre impact, vous pouvez commencer à intégrer des pratiques plus durables dans votre quotidien. L'outil de WeCount est conçu pour vous guider à travers ce processus de découverte et d'apprentissage.
L'enseignement supérieur en France, c'est 3 500 établissements et plus de 2,8 millions d'étudiants.
Face aux enjeux du dérèglement climatique, l’enseignement supérieur a un double rôle :
🌍 Contribuer à la décarbonation générale de notre société en réduisant les émissions de CO2e de ses établissements,
🎓 Former et sensibiliser les étudiants, professionnel·le·s de demain aux enjeux énergie-climat aujourd'hui.
Dans ce contexte, comment le supérieur peut-il contribuer à la décarbonation ? Comment passer à l’action à l’échelle de votre établissement ?
Au programme :
Présentation du "Plan climat-biodiversité et transition écologique" porté par le MESR
Le label DD&RS : rappel des enjeux et articulation avec la stratégie de décarbonation d'un établissement par le CIRSES
Retour d'expérience de l'INSA, L'Université de Lyon et l'EDHEC sur leur plan de décarbonation
Lancement de l’outil de sensibilisation climat pour les étudiants créé par l'ABC et WeCount
Ce sera également l’occasion de présenter les programmes collectifs d’accompagnements à la réalisation du bilan carbone et de la stratégie climat organisés par WeCount, et dédiés aux établissements d’enseignement supérieur et recherche.
Ce document synthétise les recommandations de 8 établissements de l’enseignement supérieur pour décarboner leur secteur
Les propositions d’actions développées dans ce document font suite au travail collectif de 8 établissements du site Lyon-Saint-Étienne qui se sont formés aux enjeux climatiques, ont réalisé leur bilan carbone et initié leur stratégie RSE (Responsabilité sociétale et environnementale).
Ce document dresse donc un bilan de cette première étape importante et permet de mettre en regard les résultats des différents établissements participants : le Crous de Lyon, l’École nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne (ENISE), l’École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon), l’École nationale des travaux publics d’État (ENTPE), l’Université de Lyon (UdL), l’Université Claude Bernard Lyon 1, l’Université Jean Monnet Saint-Étienne et VetAgro Sup.
Ces établissements poursuivent l’élaboration et l’actualisation de leur démarche RSE pour aller au-delà de ce volet initial et envisager une stratégie englobant l’ensemble des activités des établissements. En effet, l’enseignement supérieur est un secteur clé pour former les prochaines générations aux grands enjeux de demain, notamment écologiques, et les préparer à relever les défis auxquels ils feront face.
Compte tenu de la diversité des enjeux du secteur et de la richesse du monde de l’enseignement supérieur, ces propositions ne représentent pas un mode d’emploi ou la vision de chaque établissement. Elles ont vocation à alimenter les réflexions au sein du milieu de l’enseignement supérieur et des autres établissements.
Pourquoi cette volonté d’agir ?
De plus en plus d’établissements de l’enseignement supérieur accélèrent leur engagement sur le climat. Compte tenu de leur rôle central dans nos sociétés, la plupart de leur écosystème les incite à agir : pouvoirs publics, personnel et étudiants.
Selon une récente étude de Carbone 4, l’empreinte carbone moyenne d’un Français en 2019 est de 9,9tCO₂e. Cette empreinte est découpée en plusieurs parties qui concernent sa consommation personnelle (je me déplace, je mange, je me loge et j’achète), auxquelles s’ajoutent 1 400 kgCO₂e/an qui sont associés à la dépense publique, que ce soit pour l’administration et la défense (32 %), l’enseignement (31 %), la santé (16 %)
ou les infrastructures (14 %).
Diminuer les émissions de l’enseignement supérieur, c’est donc baisser les émissions de chaque individu. Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport à l’âge pré-industriel, l’empreinte carbone d’un individu doit être réduite à un maximum de 2 tonnes d’ici 2050.
Enfin, pour répondre aux enjeux de la transition bas carbone de nos sociétés, la formation des générations futures est cruciale. Les établissements de l’enseignement supérieur ont donc un rôle très important à jouer pour former et inciter les nouvelles générations à contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Empreinte carbone moyenne en France 2019 (Source : MY CO2)
Bilan d’émissions de gaz à effet de serre consolidé
Bilan d'émissions de gaz à effet de serre consolidé
Ce graphique correspond à une moyenne pondérée de 6 bilans carbone des structures de l’enseignement supérieur ayant participé à la réalisation de ce document*.
Ces bilans ont été réalisés dans le cadre d’une Promotion Climat dédiée à l’enseignement supérieur et suivant la méthodologie de l’Association Bilan Carbone.
Les bilans couvrent les scopes 1, 2 et 3.
Le scope 1 correspond aux émissions directes des structures, comme le chauffage des bâtiments au gaz.
Le scope 2 représente les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité (ex. chauffage électrique).
Enfin, le scope 3 correspond aux émissions indirectes amont et aval, comme les déplacements domicile-travail (aussi bien des étudiants que des salariés), les déplacements professionnels et étudiants, l’alimentation et les équipements informatiques.
* L’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Saint-Etienne (ENISE), l’Ecole Normale Supérieure de Lyon ,l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (ENTPE), Université Claude Bernard Lyon 1, l’Université Jean Monnet de Saint Etienne et VetAgro Sup.
Les préconisations pour réduire son empreinte carbone et piloter sa stratégie climat
Comment collecter les données pour son bilan carbone ?
Le premier conseil concernant la réalisation du bilan carbone est de le réaliser soi-même. C’est en bénéficiant de cette première expérience qu’on pourra comprendre les activités à l’origine de ses émissions et commencer à identifier les premières pistes de réduction.
Une fois ce premier bilan réalisé, il sera plus facile d’automatiser au maximum la collecte des données nécessaires à la réalisation du bilan carbone afin de pouvoir le mettre à jour chaque année sans effort.
Par exemple, pour les achats, vous pouvez suivre des informations comme le poids carbone ou le flux physique des produits et
intégrer cette information aux marchés lors des consultations.
Le bilan carbone est un exercice itératif et l’objectif est d’affiner son analyse d’une année sur l’autre s’il n’est pas assez précis. Cela peut passer par :
Une collecte plus fréquente des indicateurs, par exemple mensuellement pour les données d’énergie, afin de pouvoir suivre un plan d’action précis.
Une méthodologie de collecte de données plus précise pour certaines catégories d’émissions. On peut par exemple passer de données estimées à des données réelles, collectées via des factures ou des questionnaires, ou encore choisir d’utiliser des ratios physiques plutôt que des ratios monétaires.
En parallèle de la collecte des données, il est fortement conseillé d’avoir un document expliquant la méthodologie utilisée afin de pérenniser la connaissance et d’améliorer la démarche d’une année sur l’autre. Il est également possible d’impliquer plus de personnes dans le projet.
Entre les établissements, des indicateurs communs peuvent être définis afin d’avoir des ordres de grandeur et de pouvoir se comparer (ex : km parcourus et modes de transports pour des conférences par le personnel de recherche).
Dans le cadre de la Promotion Climat réunissant les 8 établissements de l’Enseignement Supérieur, la plateforme de comptabilité carbone WeCount a été utilisée pour faciliter la collecte des données et l’analyse des résultats.
Les déplacements
Les déplacements professionnels
Ce paragraphe concerne les déplacements réalisés par le personnel de l’établissement, et plus particulièrement les déplacements des chercheurs et doctorants. L’établissement peut réaliser un état des lieux de la mobilité. Les graphiques ci-dessous montrent la répartition des modes de transport en fonction de la distance parcourue et de leur impact carbone.
* Basé sur les données moyennes des participants à la Promotion Climat.
L’avion reste encore trop souvent la solution de facilité pour les trajets professionnels. Plusieurs propositions ont été émises par les participants de la Promotion Climat pour réduire l’impact du transport professionnel :
Inciter à avoir recours aux mobilités durables
Le train peut être privilégié pour tout le personnel pour les déplacements nationaux. La direction peut soutenir cette nouvelle habitude, en la promouvant auprès des permanents et en soutenant financièrement le surcoût éventuel. Une Charte de voyage responsable peut être mise en place et validée par les différentes unités.
Dissuader les personnes de prendre l’avion à travers des actions de sensibilisation.
L’établissement doit être en mesure d’expliquer l’impact carbone des déplacements et de présenter ses résultats par département, en se comparant si possible à d’autres établissements. Une analyse poussée peut permettre la mise en place d’une carte
des déplacements les plus fréquents et donner ainsi un aperçu de leur poids dans le bilan carbone global de l’établissement.
À l’échelle individuelle, il faut communiquer systématiquement sur l’impact carbone d’un voyage. Pour cela, il est possible d’intégrer directement sur les outils de réservation l’affichage de l’impact carbone
Modifier nos habitudes
Enfin, les métiers peuvent-ils se réinventer et être valorisés autour d’autres valeurs que celle des déplacements internationaux ? On voit apparaître à la suite de la pandémie du Covid-19 de nouveaux formats de colloques à distance, et une multiplication des coopérations françaises et européennes. Ces démarches peuvent être encouragées car elles se révèlent très efficaces dans la réduction de l’impact carbone des déplacements.
Un quota durée/séjour pour les vols internationaux
L’idée est d’aligner le temps de présence sur place d’un voyage par rapport à l’impact du trajet. L’objectif de cette proposition est d’inciter les salariés à ne se déplacer qu’en cas de nécessité réelle. Le principe est de se dire que plus la destination est éloignée,
plus le salarié devra rester longtemps sur place.
Cette initiative permet d’imposer une contrainte sur la durée pour éviter une suite de déplacements courts, fortement carbonés, sans pour autant interdire les déplacements carbonés jugés les plus nécessaires.
Les déplacements étudiants
Les idées qui suivent concernent les déplacements des étudiants pour les stages et les semestres à l’étranger. Certaines idées peuvent aussi agir sur les critères de diplomation pour certains établissements. Actuellement les étudiants sont incités à voyager, notamment si leur établissement est en partenariat avec une université étrangère.
La collecte des informations pour cette catégorie d’activité est encore difficile pour certains établissements. Cependant, de nombreuses propositions ont été émises,
comme celle d’instaurer, comme l’a fait l’INSA de Lyon, un quota carbone, en tonne de CO2. Ainsi, un étudiant souhaitant réaliser un vol au-delà du quota autorisé devra justifier son déplacement en réalisant un dossier détaillant ses motivations.
D’autres propositions ont été discutées comme une aide financière au train en Europe, la limitation à un déplacement hors Europe sur l’ensemble de la scolarité ou la mise en place d’un quota durée/séjour comme décrit dans la section précédente.
Les déplacements domicile-travail
Les idées qui suivent concernent les déplacements domicile-travail des étudiants et des salariés.
L’établissement peut permettre une transition vers des modes de transport bas-carbone. Ci-dessous une liste d’actions non exhaustive pour propager la mobilité douce :
Réaliser une enquête mobilité domicile-travail pour prioriser les actions à mener ;
Mettre en place des garages sécurisés pour les vélos et trottinettes, mais aussi des douches et vestiaires ;
Promouvoir les transports en commun et le covoiturage ;
Collaborer entre établissements ou structures voisines pour s’adresser aux collectivités locales et appuyer la densification ou la création de transports en commun ;
Adapter les horaires de présence des étudiants aux transports en commun ;
Les bâtiments et l’énergie sont les premiers postes d’émissions de gaz à effet de serre pour les établissements. Les rénovations sont coûteuses et il est difficile d’en voir les bénéfices à court terme. Par exemple, on peut avoir tendance à privilégier une diminution du budget d’investissement pour financer l’augmentation des coûts de l’énergie. Néanmoins, il existe plusieurs bonnes pratiques, citées ci-dessous, à mettre en place dans ce domaine :
Se diriger vers la sobriété énergétique
On peut dans un premier temps changer nos habitudes d’usage, par exemple en diminuant le chauffage dans les couloirs et les halls ou encore en baissant la climatisation. Ensuite, il s’agit de moderniser les équipements par des modèles moins consommateurs.
Enfin, il peut s’agir de consommer autrement, par exemple en investissant dans une climatisation adiabatique. Cette dernière consomme dix fois moins d’énergie que les climatisations classiques tout en n’émettant pas de GES.
L’optimisation des locaux
Plutôt que de construire de nouveaux locaux, il serait plus intéressant de mutualiser une aile ou l’étage d’un bâtiment, voire de réduire les surfaces. En effet, le taux d’occupation des locaux peut être optimisé dans la plupart des bâtiments en étudiant le regroupement de plusieurs équipes avec la possibilité d’avoir des horaires flexibles. Une autre idée est de revoir le calendrier d’utilisation des bâtiments afin d’identifier les périodes de l’année où ces derniers peuvent être mis à disposition d’autres équipes.
Changer de source d’énergie
Il est possible de choisir un fournisseur d’énergie renouvelable ou de produire soi-même son électricité via l’installation de panneaux solaires. D’autres établissements ont choisi d’intégrer un réseau de chaleur en délaissant l’approvisionnement en gaz, et ainsi de baisser leur empreinte.
Favoriser la rénovation des bâtiments
Pour favoriser l’efficacité énergétique des bâtiments, il est indispensable de réaliser des rénovations. Il existe plusieurs aides financières à la transition bas carbone et notamment pour les rénovations énergétiques. Il est donc conseillé de réaliser une veille sur ces sujets et de les partager entre établissements.
Par ailleurs, les départements concernés peuvent lister des projets prêts à être lancés, afin d’anticiper les besoins et de comparer les devis. De même, les ordres de grandeur des coûts de rénovation peuvent être partagés entre établissements pour qu’ils puissent
rapidement chiffrer un projet et ainsi bénéficier des subventions.
Mutualisation du patrimoine
Il est aussi possible de mutualiser des équipements sportifs, par exemple, en partenariat avec les collectivités locales, même si cela implique un partenariat potentiellement plus complexe.
L’alimentation
Ce paragraphe concerne l’alimentation du personnel et des élèves dans les établissements de l’enseignement supérieur. À titre d’exemple, nous utiliserons la répartition des repas d’un restaurant universitaire pour aborder l’impact de l’alimentation dans l’enseignement supérieur.
Un repas comprenant du bœuf a une empreinte carbone plus de 10 fois supérieure à celle d’un repas végétarien Les protéines animales, notamment le bœuf, restent néanmoins très présentes dans les restaurants universitaires.
D’autres critères sont également à prendre en compte lorsque l’on s’intéresse à l’empreinte carbone de l’alimentation : saisonnalité, mode de préparation des aliments ou encore gestion des déchets alimentaires. Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive de propositions permettant de minimiser l’impact carbone de l’alimentation dans votre établissement.
Faciliter la végétalisation des repas
Favoriser les repas moins carnés. Dans les restaurants universitaires, il peut pour cela s’avérer nécessaire de former les cuisiniers à la préparation de protéines végétales et de résoudre les questions logistiques liées à leur préparation (temps de cuisson plus longs...). Pour les repas apportés par le personnel et les étudiants, il serait intéressant de proposer des idées de recettes végétariennes pour faciliter la transition bas carbone
de l’alimentation.
Bannir les couverts/verres/assiettes jetables
Depuis la crise du covid-19, certains restaurants universitaires proposent des repas à emporter. Généralement, ces repas se trouvent dans des barquettes en plastique. Il est pourtant indispensable de limiter au maximum les emballages à usage unique en
plastique dans la restauration. Pour remédier à l’usage du plastique, il est possible d’utiliser des matériaux biodégradables ou de demander aux étudiants d’apporter leurs contenants. Cette démarche va de pair avec la gestion des déchets d’un établissement.
Favoriser les achats responsables
Il est recommandé de proposer des produits de saison, locaux et issus d’une agriculture responsable. Dans les restaurants universitaires et les établissements de l’enseignement supérieur, il est aussi important de communiquer sur la provenance des produits afin de
sensibiliser le plus grand nombre.
Améliorer la gestion des déchets
Dans un premier temps, il faut diminuer la quantité de déchets dans la restauration. Pour cela, il est possible de faire un état des lieux sur la production de déchets de la restauration de votre établissement et mettre en place des moyens de sensibiliser au gaspillage.
Dans un second temps, le tri des déchets peut être mis en place dans les restaurants universitaires mais également dans les établissements. Par exemple en mettant un compost à disposition sur le campus.
La conduite du changement
La conduite du changement passe par des actions de convivialité. Modifier ses habitudes ne doit pas être associé à une restriction de libertés. Ainsi, les sujets peuvent être présentés positivement, à travers des actions de sensibilisation ou des activités collectives (ex : nudges, communication positive...).
Il est également conseillé de proposer des initiatives permettant de passer immédiatement à l’action, et ce sur un temps long, pour accompagner les personnes à modifier de manière durable leurs usages (ex : challenge de “Ma petite planète”, un challenge par équipe proposant des défis écologiques sur 3 semaines ou encore challenge mobilité incitant les salariés à venir au travail autrement que seuls dans leur voiture…).
Les changements structurels qui concernent les modalités de travail et les missions des postes seront plus faciles à accepter et à mettre en place si les idées viennent directement des salariés. Pour cela, les ateliers cités dans le paragraphe précédent sont autant de moyens permettant des changements profonds et volontaires de l’organisation.
Le changement ne pourra se réaliser que par une implication globale de tous les usagers de la structure et un portage politique fort de la direction. Il faut valoriser toutes les initiatives et partager entre les établissements les bonnes pratiques pour accélérer la transition.
Une gouvernance durable
Face à l’urgence climatique, le climat doit être inclus à tous les niveaux de l’organisation
Cela comprend :
Un portage politique : porté par la gouvernance (ex : vice-présidence) et une feuille de route claire.
Un mécanisme permettant de porter la voix des usagers auprès des instances de décision (ex : conseil d’administration, une personne dédiée aux enjeux climatiques...).
La mise en application de ces différentes approches est nécessaire à la transition bas carbone de l’établissement. En effet, la prise en compte de toutes les parties prenantes est la clef de réussite pour que la transition écologique devienne un axe fort de la stratégie court terme et long terme de l’établissement. Elles doivent être présentes tout au long de la démarche de réduction des émissions et être informées de la performance des actions.
L’établissement doit encourager & accompagner les bonnes idées et les initiatives spontanées
Pour cela, il faut inciter l’ensemble des usagers à faire des propositions pour accompagner la transition bas carbone de l’établissement et mettre en place les moyens nécessaires à leur réalisation. Par exemple, en mettant en place un système de communication égalitaire pour l’ensemble des parties prenantes (comités RSE, groupes de travail, boîtes à idées, ateliers, etc.) ou un référent dédié au suivi de la réalisation des projets. L’objectif de cette démarche est de laisser aux personnes un espace de liberté et de leur montrer que chacun peut être entendu. L’établissement doit pouvoir mettre en mouvement ces idées pour en faire des réalisations concrètes.
Le passage à l’action se fera également en partageant entre établissements des bonnes pratiques pour une transition écologique commune et ambitieuse.
Une politique de ressources humaines adaptées
La vision politique de l’établissement se traduit par un portage opérationnel et des ressources humaines dédiées. Les établissements ne possèdent pas toujours de poste spécifique au sujet de la transition bas carbone. En parallèle d’une embauche ou d’une création de poste, il existe d’autres actions à mener pour avoir une approche transversale et complémentaire :
Il est possible de s’appuyer sur des réseaux existants comme les communautés d’universités et d’établissements, le CIRSES*, le Collectif Labos 1point5 ou encore les réseaux étudiants et les différents réseaux d’acteurs (Cluster, Centres d’échanges et de ressources). L’adhésion à ces réseaux peut permettre d’engager des actions de formation, de partager les bonnes pratiques des établissements, et de développer des partenariats vertueux.
* Collectif pour l’Intégration de la Responsabilité Sociétale et du développement durable dans l’Enseignement Supérieur
Il est souhaitable de disposer au moins d’une ressource opérationnelle. Cette dernière pourra permettre, entre autre, de coordonner les actions avec des volontaires. C’est un point clef pour accélérer sur les sujets de la transition.
L’implication volontaire peut être valorisée et ce, par exemple, au cours de l’entretien annuel pour tout ce qui concerne l’intégration des enjeux écologique dans les missions et dans la vie au travail.
La transition bas carbone est le sujet de tous. Il est donc intéressant d’inscrire les enjeux climatiques dans les fiches de poste au même titre que d’autres missions.
En continuité avec le point précédent, les objectifs personnels doivent inclure des objectifs climat, ou a minima une appréciation sur l’engagement de la personne (ex : “Comment l’agent a-t-il participé aux actions écologiques cette année ?”). Ainsi, un temps dédié à l’atteinte de cet objectif est alloué, notamment pour les postes en lien direct avec les enjeux principaux de l’établissement.
Certains établissements ont proposé aux étudiants de travailler sur ces sujets à travers un stage ou un projet d’étude.
L’important est de donner envie d’agir. Pour cela, il est nécessaire dans un premier temps de former le personnel et le corps enseignant aux enjeux de la transition écologique (ex : Fresque du Climat au cours de la journée du personnel, présentation de la feuille de route transition écologique à la prérentrée) afin qu’ils puissent s’emparer de ces sujets. Pour compléter ces actions de sensibilisation, l’établissement peut communiquer auprès de tous les agents sur son bilan carbone.
Bien que toutes les solutions précédentes puissent faire avancer les sujets bas carbone, toute politique et tout plan d’action ambitieux devront se traduire par des moyens humains adaptés.
L’impact carbone, un outil d’aide à la décision
Quand une situation avec des injonctions contradictoires se présente (ex : augmentation des effectifs étudiants et diminution de l’empreinte carbone), il est conseillé de mener des actions collectives et d’instaurer une communication entre plusieurs établissements concernés par cette problématique et le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la
Recherche et de l’Innovation (MESRI, le réseau des Crous) ou la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI).
Au sein d’un établissement, la prise de décision peut être facilitée grâce au bilan carbone qui permet de disposer d’ordre de grandeur entre les différentes catégories d’émissions et d’identifier les postes les plus émetteurs. Ainsi, la stratégie de l’établissement pourra se concentrer sur les sites ou les profils les plus émetteurs.
Pour les futurs projets à arbitrer, il est possible d’intégrer un prix interne du carbone. Ce nouvel indicateur peut être un outil puissant d’aide à la décision. Par exemple, il est possible de simuler l’ajout au budget d’un projet d’un coût de 50€ la tonne de CO2 et d’étudier ainsi sa durabilité si une telle taxe venait à être mise en place.
Les préconisations pour intégrer les enjeux écologiques dans la formation
Les différents moyens d’intégrer les enjeux écologiques dans la formation
Il n’y a pas une façon unique d’intégrer les enjeux écologiques dans la formation, les possibilités sont multiples.
Le format d’intégration
Des actions ponctuelles, comme par exemple : mettre en avant les enjeux écologiques lors des cycles de conférences ou d’une rentrée climat. Cela peut être un premier pas lorsque l’établissement possède peu de moyens.
Une intégration systématique dans chaque matière, afin d’intégrer un volet sur les enjeux écologiques dans tous les cours et les modules de formation. Par exemple avec la création de nouvelles unités d’enseignement pour intégrer un module de formation supplémentaire sur les enjeux écologiques.
Le plus ambitieux : une refonte du programme pédagogique complet afin de l’adapter aux enjeux écologiques.
Le contenu
Pour toutes les formations, il est indispensable de mettre l’accent sur la partie théorique des enjeux écologiques (fonctionnement du système climatique, ordres de grandeur...), avec des modules de formations généralistes sur les enjeux climat/énergie, la biodiversité, la gestion de l’eau, des déchets...
Pour des formations spécifiques, il faut ajouter à cela une formation opérationnelle à la transition écologique, appliquée à la discipline enseignée :
Former à l’utilisation des outils comme l’Analyse de Cycle de Vie, le bilan carbone, l’inventaire de biodiversité, pour les étudiants ingénieurs.
Enseigner la réglementation sur les enjeux écologiques et son historique pour les étudiants en droit.
Apprendre à communiquer de manière pertinente sur ce sujet en évitant le greenwashing pour les étudiants en communication.
Prendre en compte la durabilité des matières premières et des usages pour les étudiants en design.
Revoir la durabilité des business models et la raison d’être des entreprises, et quels peuvent être leur impacts positifs dans une société aux ressources limitées pour les étudiants en école de commerce.
Ces propositions sont bien sûr non exhaustives et non exclusives.
Afin de lever les éventuelles résistances au changement du corps enseignant concernant l’intégration des enjeux écologiques dans la formation, la première étape est de sensibiliser, informer et impliquer les enseignants, afin qu’ils intègrent la démarche de changement. La sensibilisation peut être réalisée à l’occasion d’événements ponctuels, de séminaires attractifs, de rentrées climat, ou encore de formations.
La sensibilisation des enseignants sera d’autant plus réussie et perçue comme légitime si l’établissement fait preuve d’exemplarité en termes d’engagement environnemental et s’il a une politique de transition écologique forte (ex : réduction de la consommation énergétique, baisse du nombre de déplacements aériens, tri des déchets).
Enfin, si cette sensibilisation ne porte pas ses fruits, une réflexion sur les maquettes pédagogiques pourraient être envisagées pour intégrer les enjeux écologiques dans de nouveaux cadres.
Faciliter le travail des enseignants
Intégrer les enjeux écologiques dans les enseignements nécessite un véritable travail de réflexion sur le contenu des cours et de leurs objectifs, ce qui demande une sollicitation forte de la part des enseignants, en termes de compétences et de connaissances.
Des outils existent pour faciliter le travail des enseignants :
S’appuyer sur des organismes externes pour accompagner à l’adaptation des enseignements (Campus de la Transition, UVED, Enseignants de la Transition, enseignerleclimat.org...).
Aborder les mêmes éléments d’enseignement mais sous un autre angle. Ainsi, cela permet de capitaliser sur l’existant et les connaissances des professeurs, et de réduire l’investissement en temps et en énergie requis pour changer une maquette de cours entière (la maquette pédagogique étant assez rigide, et son changement nécessitant un lourd portage administratif).
Les établissements peuvent également prendre la responsabilité de mettre en place des actions qui permettront une meilleure transition pour les enseignant :
Mise en place de groupes de travail tripartites regroupant des enseignants, des chercheurs, et des étudiants. Des entreprises peuvent être associées à la démarche.
Afin de favoriser l’implication des étudiants, notamment sur la durée, il est primordial que cet engagement soit reconnu (par des crédits ECTS, une compensation...).
Partage des bonnes pratiques pédagogiques en termes d’intégration des enjeux écologiques dans les enseignements, au sein des établissements mais aussi entre eux.
Les écoles et universités peuvent collaborer pour faciliter une intégration globale :
Partager des modules de formation avec d’autres universités ou écoles, afin de mutualiser le travail réalisé sur l’intégration des enjeux écologiques dans la formation. Parfois des synergies existent déjà entre établissements. Dans le cas où des établissements proches sont plutôt en concurrence, ou cherchent à se différencier les uns des autres, il s’agira de mutualiser les modules de formation avec des établissements aux disciplines très différentes : cela pourra permettre d’éviter à la fois l’écueil concurrentiel, mais aussi d’aborder ces enjeux avec un nouveau prisme, enrichissant à la fois pour les étudiants et les enseignants.
Conclusion
Les enjeux écologiques doivent trouver leur place dans la formation afin d’initier et d’appuyer les initiatives allant dans ce sens. Pour permettre cet engagement et
favoriser la mise à l’ordre du jour de ce sujet, les équipes des établissements de l’enseignement supérieur peuvent s’appuyer sur différents éléments :
La compétition entre les établissements, qui va se jouer de plus en plus sur le champ de l’écologie.
Les attentes, souvent fortes, des parties prenantes sur ces sujets. Outre les étudiants et le personnel, certaines entreprises partenaires des établissements, des recruteurs, parlent de plus en plus de RSE et deviennent friands de compétences sur ces sujets. Ainsi, il faut concerter les étudiants et les recruteurs pour mettre en lumière l’importance stratégique de l’intégration des enjeux écologiques dans la formation.
L’intégration dans une démarche bas carbone globale, qui ne doit pas s’arrêter à la réalisation d’un bilan carbone mais qui comprend aussi une stratégie climat, révisée régulièrement.
Les établissements peuvent donc :
Établir un plan d’action pour intégrer les enjeux écologiques dans la formation. Le plan dépendra des ambitions de la direction en termes d’intégration des enjeux écologiques dans la formation, et de la pertinence du degré de cette intégration en fonction du cursus suivi par les étudiants. En effet, des étudiants en langues étrangères ne devront pas nécessairement être formés aux enjeux écologiques de la même manière que des étudiants en cursus d’ingénieur ou d’école de commerce.
Adapter les ressources humaines en fonction de l’ambition de ce plan. Il est possible de dédier officiellement du temps à certaines personnes déjà en poste pour mener à bien ce chantier.
De plus, les établissements de l’enseignement supérieur peuvent s’appuyer sur de nombreuses ressources et réseaux pour mener la transformation de leurs enseignements : associations étudiantes, Shift Project, associations d’alumni...
Sorti en février 2022, il accompagne les opérateurs de l’enseignement supérieur dans la mise en oeuvre opérationnelle de l’intégration des enjeux écologiques dans la formation. De plus, il témoigne de la volonté gouvernementale d’avancer dans ce sens.
Il permet d’accompagner les acteurs de l’enseignement supérieur dans la transition écologique grâce à des outils et pratiques innovants.
Merci aux structures participantes :
Le CROUS de Lyon • L’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Saint-Etienne (ENISE) • L’école Normale Supérieure de Lyon • L’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (ENTPE) • L’Université de Lyon (UDL) • Université Claude Bernard Lyon 1 • L’Université Jean Monnet de Saint-Etienne • VetAgro Sup
Merci également aux experts ayant participés au programme :
Amélie Deloche de Pour un réveil écologique • Damien Amichaud du Shift Project • Elise Bunel du label DD&RS • Fanny Picard de Meilleur Demain • Hélène Dano d’Ecologeek • Marie Cavaniol de RESES • Pierre Peyretou de l’ESCP • Solène Dailloux et Florent Haffner du Campus de la Transition • Timothée Quellard d’Ekodev
Chaque jour, vos choix et activités en tant qu'étudiant contribuent à votre empreinte carbone globale. Mais quelle est l'ampleur de cette contribution ? Grâce à notre questionnaire rapide et intuitif, découvrez en seulement cinq minutes vos émissions de CO2e annuelles liées à votre vie étudiante.
Mesurer mon empreinte
Prendre conscience est le premier pas vers un changement significatif. En comprenant votre propre impact, vous pouvez commencer à intégrer des pratiques plus durables dans votre quotidien. L'outil de WeCount est conçu pour vous guider à travers ce processus de découverte et d'apprentissage.
La consommation numérique connaît une croissance exponentielle. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre du secteur augmentent de 6 % chaque année. En France, le numérique représente 2.5 % de notre empreinte carbone et son impact pourrait tripler entre 2020 et 2050.
L’impact du numérique est large : fabrication, consommation et utilisation des équipements, la filière entraîne des conséquences matérielles, environnementales et sociales souvent sous-estimées.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons diminuer ensemble les émissions de GES du secteur, mais aussi ses externalités négatives. En route pour un tour d’horizon de l’empreinte carbone du numérique et des actions de réduction.
Quelle est l'empreinte carbone du numérique ?
Le numérique génère 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. Ce nombre vous paraît négligeable ? Cela représente pourtant 17 millions de tonnes CO2 équivalent (tCO2eq) émises en 2020. Et ce nombre est en hausse constante.
Les émissions du numérique pourraient atteindre 25 millions de tonnes de CO2e d’ici 2030, soit augmenter de 45% !
Le secteur numérique englobe trois composants : les équipements utilisateurs (ou terminaux), les centres de données (aussi appelé data center) et les infrastructures réseaux.
Les émissions de GES du secteur se répartissent ainsi :
79% proviennent des terminaux des utilisateurs ;
16% des centres de données (datacenter) ;
5% viennent des réseaux (Arcep, 2022)
L’empreinte carbone du numérique ne se résume donc pas seulement à l'utilisation d’internet. Derrière nos usages virtuels se trouvent des terminaux et des infrastructures matériels qui génèrent eux aussi des émissions.
Les trois composants du numérique : terminaux, réseaux et infrastructures à distance
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos équipements et leur durée de vie sont les premiers responsables de l’impact du numérique. La raison ? Le nombre d’appareils dépasse largement le nombre de centres de données. Ils sont aussi renouvelés plus fréquemment.
Creusons plus en détail l’impact de chacun des composants.
Les terminaux, premier facteur d’impact carbone
Nous l’avons vu plus haut, les terminaux sont la première cause des émissions de gaz à effet de serre du numérique.
80 % des émissions de GES de nos équipements sont relâchées avant leur première utilisation. Plus précisément, en France, 78 % des émissions proviennent de la fabrication et 21 % de l’utilisation (utilisations des réseaux et des centres de données inclus).
Les ordinateurs, les télévisions et les smartphones ont l’impact carbone le plus élevé avec :
39% pour les ordinateurs ;
26% pour les téléviseurs ;
20% pour les smartphones.
A eux trois, ils représentent 85 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux équipements électroniques et près de 50 % des émissions de GES totales du numérique.
💡 Bon à savoir : les terminaux incluent tous les appareils numériques, notamment les téléphones, ordinateurs, téléviseurs, objets connectés, consoles de jeux vidéo, appareils électroménagers, la domotique, etc.
Cet impact est en partie dû à une durée de vie moyenne trop courte :
2.5 ans pour les smartphones ;
3 ans pour les tablettes ;
5 ans pour les ordinateurs portables.
Cependant, le manque de données complique l’évaluation exacte de l’impact de leur durée de vie.
Les data centers, source croissante d’émissions de gaz à effet de serre
Les terminaux sont l’enjeu majeur de la décarbonation du numérique. Mais les data centers restent tout de même énergivores.
Le parc de centre de données croît parallèlement à l’augmentation des usages numériques. Il pourrait représenter 22 % des émissions GES d’ici 2050, et ce malgré une amélioration de l’efficacité énergétique !
Plus de 90 % des émissions de GES issues des data centers proviennent de la consommation électrique (Arcep).
Ces émissions ont augmenté de 15 % en 2022 par rapport à 2021 suite à la mise en service de nouveaux centres de données.
A l’échelle mondiale, l’arrivée de l’intelligence artificielle et l’explosion du volume de données à traiter pourraient doubler les besoins en énergie d’ici 2026 (Agence Internationale de l’Energie).
L'intelligence artificielle demande de l'entraînement. Cet entraînement est très gourmand en calcul et en volume de données. Il nécessite d’être alimenté par un grand ensemble de données et d’être ajusté en permanence pour fournir les résultats les plus précis possibles. Cela demande aussi de la réactivité ainsi que la capacité à traiter un maximum de requêtes en un minimum de temps. Cette réactivité exige une puissance de traitement bien plus intense que les programmes informatiques classiques.
De plus, les centres de données sont concernés par un effet rebond très important. L'effet rebond désigne le fait que “certains gains environnementaux dus à une gestion des ressources plus efficace ou à des progrès techniques sont sensiblement diminués ou annulés par une augmentation de la consommation ou une modification des usages” (Journal officiel du 28/05/2023).
Dans le cas des data centers, cela signifie que l’amélioration des performances énergétiques ne permet pas de compenser la croissance des usages du numérique.
Infrastructures et réseaux, dernier maillon de l’impact carbone du secteur
Les infrastructures réseaux comprennent les box internet, les câbles transatlantiques et les réseaux mobiles. Bien que leur part d’émissions de GES soit plus faible que les terminaux et les centres de données, la tendance est à l’augmentation.
En 2022, alors que la consommation électrique diminue en France, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobiles augmente de 7 % sur la même période. En 2021, cette consommation connaissait déjà une croissance de +6 %.
Cela est dû à l’accroissement de la consommation des données mobiles (28 % en 2022 contre 20% en 2021) et au déploiement de sites mobiles puisque 7 300 nouveaux sites mobiles ont été déployés en France en 2022.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre des réseaux s’accentuent en même temps que les flux de données augmentent et que les réseaux mobiles comme la 5G et la 6G se déploient. Mais l’impact du numérique va au-delà des émissions de gaz à effet de serre.
Quels sont les impacts environnementaux et sociaux du numérique ?
La fabrication des équipements numériques nécessite l'approvisionnement en métaux, en terres rares et l'utilisation de produits chimiques.
L’extraction des matières premières et l’usage de ces produits entraînent la destruction de la végétation naturelle et des terres agricoles, la dégradation des sols et le rejet de substances hautement toxiques pour l’humain et l’environnement comme le mercure, l'arsenic ou le plomb.
De plus, l’extraction des terres rares produit des déchets radioactifs que nous ne savons pas traiter à l’heure actuelle.
💡 Bon à savoir : les terres rares sont des métaux omniprésents sur la croûte terrestre. Le terme rare caractérise leur faible concentration qui nécessite un processus d’extraction, de traitement et de séparation polluants et coûteux en énergie.
Sur le plan social, les conditions de travail dans les mines sont souvent précaires. On estime d’ailleurs que 40 000 enfants travaillent encore dans des mines. Aussi, des conflits militaires éclatent dans les pays où les matériaux sont extraits car ils ont souvent un quasi monopole de la matière première.
À cela s'ajoute une consommation intensive d’eau. Les centres de données fonctionnent jour et nuit pour satisfaire les requêtes des utilisateurs. Au-dessus d’un certain seuil de température, il faut les refroidir pour éviter la surchauffe.
En 2022, Microsoft a consommé à lui seul 6,4 milliards de litres d’eau avec le déploiement de l’intelligence artificielle et de nouveaux centres de données. C’est 34 % d’eau en plus par rapport à 2021. La même année, les data centers de Google ont consommé environ 15 milliards de litres d’eau. Cette surconsommation interroge lorsqu’on sait que certains des serveurs sont implantés dans des régions en stress hydrique comme l’Amérique du Sud.
De plus, les usines des composants électroniques rejettent des déchets toxiques dans les cours d’eau. Or, la fabrication se déroule là encore dans des régions en stress hydrique. Au Chili, la pénurie d'eau et la pollution causée par les mines ont vidé des villages entiers.
Après la fabrication, l'assemblage est principalement réalisée en Asie, où les employés travaillent jusqu’à 12h par jour sous une pression constante. Lors de la crise du coronavirus en 2020, certaines usines ont imposé à leurs travailleurs de dormir sur place pour maintenir la cadence de production.
Enfin, les déchets électroniques constituent un défi environnemental. Seulement 17 % des déchets électroniques sont recyclés, tandis que 60 % terminent dans des décharges à ciel ouvert dans des pays en incapacité de traiter ces déchets comme le Ghana ou l’Inde. L'accumulation des métaux lourds dans le sol menace directement la santé des travailleurs et des habitants. Par exemple, une exposition au mercure sur le long terme peut provoquer des lésions cérébrales sévères.
Les impacts sociaux et environnementaux du numérique restent souvent invisibles pour les consommateurs, car ils se produisent à l'autre bout du monde et ne sont pas visibles à court terme.
Pour terminer, on estime que la production d’un ordinateur moyen implique :
1.5 tonnes d’eau,
800 kg de matières premières,
22 kg de produits chimiques,
Main d'œuvre aux conditions de travail dangereuses.
Une tonne par personne chaque année rien que pour nos usages numériques
Maintenant que ces ordres de grandeur sont posés, analysons l’impact carbone d’un ordinateur portable.
Quelle est l’empreinte carbone d’un ordinateur ?
L'empreinte carbone d'un ordinateur portable se divise en trois phases : la fabrication, l'usage et la fin de vie.
Fabrication : des matières premières à l’assemblage
Le cycle de vie d’un ordinateur commence par l'extraction minière des matières premières.
Les ordinateurs contiennent plusieurs types de métaux :
des métaux communs comme le fer, l'aluminium et le cuivre,
des métaux précieux comme l'or et le platine
Des terres rares.
Ces matériaux sont essentiels, mais leur extraction a un impact carbone élevé.
D’abord, les terres rares sont des métaux disséminés en très faible proportion sur l’ensemble de la croûte terrestre. Il faut en extraire une grande quantité de minerais puis les traiter chimiquement pour séparer les terres rares et les récupérer. Ces procédés sont très énergivores et génèrent beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, la raréfaction des ressources entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Plusieurs matières premières sont considérées comme critiques. C’est le cas du cuivre, du silicium, du lithium ou du cobalt.
Prenons l'exemple du cuivre. Il y a 100 ans, nous devions extraire 50 kg de roche pour obtenir 1 kg de cuivre. Aujourd’hui, nous avons besoin de 150 kg de roche pour 1 kg de cuivre dans les mines les plus rentables.
En d'autres termes, nous devons fournir plus d’énergie - donc émettre plus de gaz à effet de serre - qu’il y a 100 ans pour extraire la même quantité de cuivre.
💡 Bon à savoir : le même phénomène se produit avec le pétrole et le charbon. Nous avons épuisé les gisements les plus faciles à atteindre.
Paradoxalement, plus la taille du matériel diminue, plus le ratio matières premières - produit final est élevé :
1 kilogramme d’ordi = 400 kg de matières
1 kilogramme de smartphone = 1 000 kg de matières
1 puce électronique = 16 000 kg de matières
💡 Bon à savoir : on retrouve jusqu’à 50 métaux différents rien que dans un seul smartphone. On peut estimer qu’un ordinateur nécessite le même nombre de métaux puisque les processeurs, les écrans ou encore les circuits d’alimentations sont similaires. Imaginons la quantité de métaux nécessaire pour assurer la production mondiale !
Ainsi, la plupart des analyses de cycle de vie des ordinateurs (ACV) montrent que les étapes d’extraction des matières premières et de transformation des minerais en composants électroniques sont les plus émettrices de gaz à effet de serre.
La cause ? Un épuisement des ressources abiotiques qui induit une plus grande consommation énergétique, des procédés industriels chimiques et énergivores et donc des émissions de GES très élevées.
Par exemple, la gravure des semi-conducteurs (parmi d'autres procédés) relâche du NF3, un puissant gaz à effet de serre inclus dans le protocole de Kyoto.
Enfin, la chaîne de valeur éclatée des appareils électroniques entraîne des émissions liées au transport :
L’extraction a souvent lieu en Afrique, en Amérique du Sud ou en Australie.
La fabrication se déroule en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis.
Le téléphone est assemblé en Asie du Sud-Est.
Puis, la distribution s’effectue généralement par avion.
💡 Bon à savoir : en comparaison avec l’ensemble des émissions de la chaîne de valeur, le transport par avion représente environ 1 % des émissions totales. Cela signifie que la phase de fabrication est particulièrement émettrice de GES.
Phase d’usage
La phase d’usage du numérique contribue pour 21 % aux émissions de GES de l’ordinateur. Elle comporte trois enjeux majoritaires :
La consommation d’énergie liée à l'usage des appareils, des box internet et du cloud,
La production de froid pour refroidir les data centers,
L’utilisation d’eau.
Aujourd’hui en France, l'utilisation représente 10 % de la consommation électrique nationale et 6.2 % de notre consommation d’énergie primaire. Ce chiffre pourrait atteindre 30 % d’ici 10 ans.
Fin de vie de l’ordinateur
L'obsolescence des appareils numériques empêche de rentabiliser l'impact environnemental de la fabrication. Les équipements sont de plus en plus difficiles à réparer à cause de composants miniaturisés et soudés, les mises à jour logicielles deviennent rapidement incompatibles. L’obsolescence programmée et les avancées technologiques incitent au renouvellement fréquent de son ordinateur donc à la surconsommation.
D’après Ecologic, 2,1 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont produits en France chaque année, dont seulement 43 % sont collectés par la filière recyclage.
💡 Bon à savoir : à titre d’exemple, seuls 20 % des matériaux (or, platine, aluminium, etc.) d’un smartphone sont récupérés lors du recyclage. Les autres métaux et terres rares sont aujourd’hui difficile à recycler.
Enfin, il est important de différencier fin d'usage et fin de vie d'un équipement. Lorsqu’on arrête d’utiliser un équipement, on parle de fin d’usage. Mais l’appareil peut souvent être réparé ou reconditionné, ce qui permet de retarder sa fin de vie et de réduire son impact carbone. Lorsque l’équipement devient inexploitable, alors on parle de fin de vie.
Selon l’ADEME, un ordinateur portable émet 156 kg CO2e lors de sa conception (Base Empreinte).
S’il est conservé 5 ans puis remplacé, l’impact est de 62.4 kg CO2e/an mais si on le conserve 8 ans, l’impact descend à 19.5 kg CO2e/an. Cela représente une économie de 69 % !
En définitive, l’empreinte carbone d’un ordinateur ne se résume pas seulement à l’usage, mais aussi - et surtout - à la fabrication.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons mettre en place des actions pour minimiser l’impact carbone des équipements numériques.
Comment réduire l'empreinte carbone du numérique ?
Malgré ce constat, faut-il renoncer à l’usage numérique ? La réponse est non. Il s’agit de repenser notre utilisation et de rationaliser la conception des terminaux.
Selon qu’on soit utilisateur ou fabricant, nous pouvons instaurer des bonnes pratiques d’usage et de fabrication afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre du numérique. Voici comment.
Réduire les émissions de l’usage du numérique des utilisateurs
Côté utilisateur, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre du numérique en allongeant la durée de vie de nos équipements et en sensibilisant à l’impact du numérique en entreprise.
Mais avant même de penser durée de vie, interrogeons nous sur notre besoin et notre consommation.
Quel est mon besoin réel ? Ai-je besoin de filmer au quotidien des vidéos en très haute qualité ou d’une capacité de traitement de l’image avancée ? Ai-je besoin d’une tablette puissante parce que c’est mon outil de travail ? Pour les entreprises, quelle est l’utilisation numérique réelle de mes collaborateurs ?
Si je veux remplacer mon équipement pour un appareil plus high tech, est-ce que je vais me servir de ces nouvelles fonctionnalités ? Pour les professionnels, vais-je vraiment exploiter le potentiel technologique ?
En ce qui concerne l’usage de l’intelligence artificielle, est-ce pertinent de recourir à l'IA pour la moindre questions ?
Si mon appareil reste fonctionnel, est-ce que je peux trouver une solution alternative au remplacement (par exemple la réparation ou le reconditionnement) ?
Le biais de nouveauté est la tendance à toujours privilégier la nouveauté au détriment de l’ancien. Cette attirance pour le neuf peut nous pousser à remplacer nos appareils même lorsqu'ils sont toujours fonctionnels. Ainsi, questionner son besoin permet de rationaliser sa consommation et d’éviter ce biais cognitif.
Si la réponse à ces questions nécessitent un renouvellement d’équipement numérique, voici quelques bonnes pratiques à mettre en place :
Allonger la durée de vie des équipements en les renouvelant uniquement lorsqu'ils ne fonctionnent plus.
Opter pour des terminaux reconditionnés ou recyclés plutôt que neufs.
Réparer et protéger ses appareils grâce à des contrats de maintenance, des systèmes d'exploitation libres, des coques de protection, des mallettes de transport, des antivirus et des mesures de protection des données pour prolonger la durée de vie des équipements.
En fin d’usage, envoyer les appareils en filières de reconditionnement ou de recyclage pour assurer une fin de vie responsable.
En entreprise, vous pouvez aussi sensibiliser et former vos collaborateurs avec des ateliers comme la Fresque du Numérique ou des formations proposées par l'INR (Institut du Numérique Responsable) ou l’Inria pour comprendre et réduire votre impact numérique.
Réduire les émissions de fabrication des équipements numériques
Côté fabricant, vous pouvez réduire l’impact carbone de la fabrication en instaurant des pratiques d'éco-conception et de réparabilité.
Éco-concevoir les produits numériques
L’éco-conception va de pair avec la rationalisation du besoin utilisateur et la sobriété. Cela signifie privilégier les fonctionnalités essentielles et une production raisonnée pour réduire la quantité de ressources nécessaires et diminuer l’impact carbone.
Ensuite, pour optimiser les performances environnementales de vos produits numériques, voici ce que vous pouvez faire :
Adapter les fonctionnalités aux besoins des utilisateurs,
Optimiser la gestion des flux de données et des flux vidéos par une adaptation systématique aux terminaux,
Améliorer l'efficacité énergétique de vos équipements numériques,
Mettre en avant l'indice de réparabilité et assurer la traçabilité des matériaux,
Proposer de passer automatiquement en réseau WiFi quand c'est possible pour optimiser l’énergie consommée,
Encourager la filière recyclage en proposant la réparabilité ou le recyclage systématique des appareils numériques.
Selon l’étude de l’Arcep, instaurer un principe d’éco-conception généralisé permettrait déjà de diminuer la consommation de ressources de 15 % et de stabiliser l’empreinte carbone du numérique à +5 %.
Améliorer la traçabilité des équipements numériques
Enfin, la traçabilité des équipements permet d’encourager une consommation responsable en aidant les consommateurs à mieux comprendre les impacts environnementaux des produits qu'ils achètent.
En tant que fabricant, vous pouvez notamment :
Améliorer les informations disponibles pour les consommateurs,
Afficher les impacts environnementaux des produits,
Assurer une transparence totale de la chaîne de production,
Adopter des labels environnementaux comme TCO Certified ou Blue Angel pour tendre vers une production respectueuse de l'environnement et des droits humains.
Ainsi, en agissant ensemble - fabricants et utilisateurs - nous pouvons diminuer durablement l'empreinte carbone du secteur !
Vous êtes un acteur de la filière numérique ? Découvrez plus de solutions et de conseils pour vous décarboner dans Guide de décarbonation du numérique.
Co-construit par WeCount et 9 entreprises du numérique, ce guide est pensé comme une feuille de route qui répertorie les leviers de décarbonation spécifiques au secteur du numérique.
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Ateliers collectifs, formation, accompagnement individuel, durant 5 mois, vous pourrez ainsi réaliser votre bilan carbone, formaliser un plan d'actions et une stratégie climat pour votre structure et former une équipe en interne pour la déployer.
4 milliards de tonnes de CO2e par an, ce sont les émissions de CO2e générées par l’industrie du textile dans le monde. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent *
Les industries textiles françaises doivent respecter des standards environnementaux et sociaux parmi les plus exigeants de la planète. L'Union des Industries Textiles s'engage pour les accompagner et les aider à relever les défis du changement climatique.
L'objectif de ce webinaire : partager un état des lieux des enjeux climat pour le secteur textile en France et fournir des recommandations sur les leviers d’actions.
Les thématiques abordées lors de ce webinaire :
Pourquoi les entreprises du textile et de l’habillement doivent accélérer leurs travaux en matière de décarbonation ? (réglementation, pression parties prenantes, etc.)
Comment réaliser un bilan carbone robuste et fiable dans le secteur du textile et de l’habillement ? (témoignage d’une entreprise textile)
Quelles initiatives sont déployées par l’UIT pour aider les entreprises du secteur à se décarboner ? (présentation du dispositif des Promotions Climat WeCount et subventions associées)